La protéine apparentée aux cadhérines 23 (CDH23) est essentielle à l’audition chez les mammifères. Les variants génomiques à l’origine de la perte de sa fonction induisent une surdité périphérique causée par l’enrayement du mécanisme de mécanotransduction opéré par les cellules ciliées au sein de l’organe de Corti de l’oreille interne. Récemment, il a été démontré qu’au cours du développement embryonnaire, CDH23 joue également un rôle précoce dans l’adressage cortical depuis le subpallium vers le cortex auditif d’une population de neurones inhibiteurs à parvalbumine. Ainsi, en complément de son rôle préalablement décrit dans l’oreille interne, CDH23 joue via la migration de ces interneurones un rôle dans le système auditif central. Le travail présenté dans cette thèse avait pour objectif de caractériser précisément le rôle fonctionnel des interneurones à parvalbumine qui expriment CDH23 au cours du développement. L’étude expérimentale a été réalisée dans le cadre d’un stage de Master 2, réalisé à l’Institut Pasteur de Paris, sous la supervision des Dr Nicolas Michalski et Boris Gourévitch. Pour cela, nous avons utilisé un modèle génétique murin dans lequel le gène codant la CDH23 (Cdh23) a été inactivé de façon biallélique spécifiquement et précocément, avant leur migration, dans les des neurones corticaux inhibiteurs. Le modèle généré (Cdh23 cKO) possède donc une mécanotransduction intacte mais présente une perte sévère (50%) du nombre de neurones inhibiteurs à parvalbumine. Dans ce modèle implanté par chirurgie stéréotaxique, nous avons enregistré et quantifié la réponse du cortex auditif et du colliculus inférieur suite à différents stimuli sonores. En l’absence de ces interneurones à parvalbumine qui nécessitent CDH23 au cours du développement, nous n’avons mis en évidence aucune anomalie dans le traitement spectral des sons purs par les neurones du cortex auditif. Nous avons en revanche quantifié un abaissement du taux de décharge de ces neurones en réponse à des sons contenant l’ensemble du spectre sonore. L’adaptation de ces neurones à des stimuli répétés à une cadence de quelques centaines de millisecondes était également réduite. Ces résultats, importants en particulier dans le contexte du développement de prothèses auditives efficaces, nous ont permis de suggérer que i) la baisse de l’activité excitatrice compense le déficit d’inhibition chez les individus Cdh23 cKO et conserve la balance excitation-inhibition; ii) la population d’interneurones à parvalbumine convenablement localisés grâce à la CDH23 est impliquée dans l’adaptation des neurones pyramidaux excitateurs pour des constantes de temps relativement longues.

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