Les stratégies d'élevage au sein de la filière équine ont beaucoup évolué ces dernières années en France. Le fonctionnement des réseaux des transport de sperme frais a été bouleversé obligeant aujourd'hui les professionnels de la filière à parcourir de longs trajets pour acheminer la semence entre les centres de reproduction. Il était jusqu'à présent admis que ce transport devait être effectué à 4°C, dans des containers particuliers. C'est dans ce contexte que le Docteur Barrier-Battut s'est intéressée à la conservation du sperme d'étalon à température ambiante entre 16°C et 21°C afin de simplifier la logistique du transport de sperme. Une première étude préalable réalisée en 2019 a permis de sélectionner 7 étalons du Haras du Pin pour un nouveau protocole. Le sperme de ces étalons a été collecté une fois par semaine pendant une durée de 3 semaines. Le sperme a ensuite été dilué puis placé dans des seringues recouvertes de manchon en plastique et conservées dans des boites isothermes entre 16°C et 21°C. Plusieurs analyses ont été effectuées après 0h, 24h et 48h de conservation : quantification globale des bactéries dans la semence par cytométrie en flux, mobilité́ des spermatozoïdes, morphologie de ces derniers en relevant les pourcentages de spermatozoïdes anormaux. En parallèle, les échantillons ont été analysés dans laboratoire de santé animale de l'ANSES de Goustranville afin de dénombrer et caractériser la flore microbienne ainsi que d'évaluer la sensibilité de ces bactéries aux antibiotiques présents dans le dilueur. La quantité de bactéries dans le sperme diffère significativement d'un étalon à l'autre. Deux de ces 7 étalons présentent une augmentation significative de la charge bactérienne de leur sperme au cours de la conservation, contrairement aux 5 autres. Certaines espèces microbiennes potentiellement responsables d'endométrites chez la jument comme Candida famata et Bacillus spp été isolées lors de cette étude. Des bactéries résistantes aux antibiotiques large spectre tels que la gentamicine et la pénicilline ont également été isolées dans le sperme pur. Néanmoins, d'après l'analyse de plusieurs marqueurs de fertilité (mobilité́ et morphologie des spermatozoïdes) cela n'a pas d'impact sur la qualité des spermatozoïdes. Il serait donc possible de transporter de la semence d'étalon sur un intervalle de temps inférieur à 24h à température ambiante (entre 16°C et 21°C). Il reste toutefois à vérifier que ces charges bactériennes dans les doses d'insémination n'augmentent pas le risque d'endométrites ou d'avortement précoces., Breeding strategies in the French equine industry have changed considerably in recent years. The way in which fresh semen is transported has drastically evolved. Industry professionals must travel long distances to transport semen between centers. It was commonly accepted that semen needed to be shipped at 4°C, therefore necessitating special containers. Doctor Barrier-Battut took an interest in investigating whether sperm could be stored at room temperature between 16 ° C and 21 °C, over a period of 48 hours. Seven stallions were selected from the pool of a preliminary study conducted in 2019. Semen was collected one time per week for a period of 3 weeks, diluted then placed in syringes covered with plastic muffs and stored between 16 °C and 21 °C in a styrofoam box. The following analyses were performed after 0h, 24h and 48h storage: determination of the total bacterial content by flow cytometry, observation of sperm mobility and determination of the percentages of abnormal spermatozoa. At the same time, the samples were analyzed in the ANSES animal health laboratory in Goustranville, France to enumerate and characterize the microbial flora, as well as to assess the sensitivity of these bacteria to the antibiotics present in the diluent. The total amount of bacteria in the stallion's semen differed significantly between stallions. For two of those 7 stallions, the amount of bacteria significantly increased over time, whereas it was not the case for the 5 other stallions. Some bacteria potentially responsible for endometritis in mares, such as Candida famata and Bacillus spp were isolated during this study. Bacteria resistant to broad-spectrum antibiotics such as gentamicin and penicillin were also isolated from pure semen. However, based on the analysis of several fertility markers (sperm motility and morphology) this has no impact on the quality of spermatozoa. It could therefore be possible to transport semen for less than 24 hours at ambient temperature (between 16 °C and 21 °C). However, further investigation is warranted to determine the true impact of those amounts of bacteria on the risk of endometritis or early abortion in mares.[-]

L'A-Kinase Anchoring Protein 4 (AKAP4) est une protéine de structure spécifique des spermatozoïdes, strictement localisée au niveau du flagelle. Elle est synthétisée sous la forme d'un précurseur : la proAKAP4. Au stade mature, l'AKAP4 permet de recruter la protéine kinase A (PKA) au sein de la gaine fibreuse et favorise ainsi la phosphorylation locale des substrats ainsi que la régulation des fonction flagellaires telles que l'initiation et l'entretient de la motilité spermatique. Pour ces raisons, la proAKAP4 est pressentie pour être un bon marqueur de fertilité chez les bovins. Cependant, la plupart des études concernent la fertilité in vivo. Notre travail est une étude clinique menée en simple aveugle donc l'objectif était d'étudier l'intérêt de la proAKAP4 comme biomarqueur de la fertilité mâle in vitro chez le taureau. Pour cela, nous avons évalué la stabilité de la proAKAP4 tout au long de la chaine de préparation de la semence (Étude 1) puis nous avons confronté les concentrations obtenues avec les résultats du développement embryonnaire après fécondation in vitro (Étude 2 et 2bis). Dans les conditions de terrain dans lesquelles a été réalisée notre étude, seules les paillettes étaient capables de fournir une information suffisamment standardisée. Les échantillons intermédiaires prélevés le long de la chaîne de préparation de la semence ont présenté une variabilité trop importante. Ce résultat n'est pas en faveur de l'utilisation de ces échantillons pour le dosage de la proAKAP4. Par ailleurs, nous avons démontré une corrélation positive entre la concentration en proAKAP4 de la paillette et le taux d'embryons transférables obtenus après fécondation in vitro ainsi qu'une corrélation négative entre la concentration en proAKAP4 et la production d'embryons de catégorie D, catégorie la plus éloignée de la trajectoire morphocinétique « normale » décrite dans la littérature. Ces données suggèrent donc que la proAKAP4 pourrait être utilisée comme biomarqueur afin de sélectionner les taureaux ayant une meilleure fertilité in vitro et donc permettre d'obtenir un nombre plus important d'embryons transférables produits in vitro ainsi que des embryons de meilleur qualité, d'avantage susceptibles de poursuivre leur développement.[-]

Peu de données sont disponibles concernant l'impact des médicaments vétérinaires sur la fonction reproductrice mâle ou femelle dans l'espèce canine. S'assurer que le prélèvement de semence d'un reproducteur est fait au meilleur moment avant une insémination artificielle, que les reproducteurs ne sont pas infertiles ou que la saillie n'est pas réalisée au moment où la qualité de l'ovocyte pourrait être altérée sont pourtant autant d'éléments importants pour les éleveurs. Un autre enjeu est bien sûr la prévention d'effets embryotoxiques, foetotoxiques ou tératogènes lors du traitement d'une femelle en gestation. L'objectif de cette thèse est d'établir une revue de la littérature des données disponibles dans ce domaine à propos des antibiotiques, antifongiques et antiparasitaires externes dans l'espèce canine. Ces traitements sont à la fois fréquents et parfois difficilement substituables et retardables. Les données regroupées concernent de nombreuses espèces et peuvent donc être intéressantes pour extrapolation à d'autres espèces.[-]

Dans un contexte de réchauffement climatique global, des épisodes de fortes chaleurs ont des répercussions sur la santé de nos troupeaux, en particulier sur la fonction de reproduction. Si le stress thermique a fait l'objet de nombreuses recherches dans les zones aux climats extrêmes, peu d'études concernent les régions plus tempérées. Dans cette étude, nous nous sommes ainsi intéressés à l'effet du stress thermique sur les performances de reproduction d'un élevage laitier en Île de France, dans des conditions climatiques tempérées avec influence océanique (climat caractérisé par une relative stabilité des variations de température). Nous avons étudié sur une période de cinq ans (2014-2018) la relation entre la survenue d'épisodes de stress thermique et la réussite à l'insémination. Pour ce faire, nous avons étudié un troupeau de Prim'holstein hautes productrices (> 9 000 kg de lait par lactation) de la région Ile-de France, qui nous a permis d'obtenir, sur cinq ans, les données de reproduction de 566 vaches, tout rang d'IA confondu. Il semblerait, d'après nos résultats, que le stress thermique s'accompagnerait d'une diminution des performances de reproduction, quelle que soit l'intensité de l'épisode de stress thermique. Ainsi, pour une exposition à un THI > 70 (stress thermique modéré), le taux de réussite à l'insémination (TRIA) passe de 64 % chez les non exposés à 53 % chez les exposés (p < 0,001) alors que pour un seuil défini à THI > 80 (stress thermique intense), le TRIA est respectivement de 62 % et de 51 % (p < 0,001). La durée d'exposition dans notre étude ne semble pas non plus avoir d'effet, puisque aucune différence significative n'a été observée entre le groupe dont l'exposition durait au moins une journée et celui où il durait au moins cinq jours. De plus, plus l'épisode de stress thermique (ST) est proche de l'insémination, plus le TRIA est faible (62 %, animaux non exposés ; 57 %, ST < 90 j avant IA ; 55 %, ST < 60 j avant IA et à 51 % ST <15 j avant IA). Enfin, nos résultats suggèrent que les effets du stress thermique sur la reproduction persisteraient dans le temps puisqu'une diminution du TRIA est observée quand un épisode de stress thermique intervient dans les 90 jours précédant une IA. Cette étude reste indicative, puisqu'univariée, quand la fonction de reproduction est une fonction impactée par de nombreux facteurs. Une analyse multivariée permettrait de préciser les résultats obtenus. Notre étude laisse donc penser qu'il serait possible d'observer un effet du stress thermique sous nos latitudes, en particulier avec un effet sur la fertilité dès la première journée d'exposition à un épisode de stress thermique même modéré. Notre étude semble également montrer une persistance des effets à long terme puisque une diminution de la fertilité a été observée plusieurs mois après l'exposition aux épisodes de stress thermique. Ce phénomène de réchauffement climatique étant destiné à s'accentuer dans les années à venir, il devient donc essentiel de réfléchir à des solutions pratiques pour en limiter l'effet sur nos animaux et leurs performances de production en élevage.[-]

Du fait de l'importance économique des étalons dans les élevages, le vétérinaire équin constitue un acteur majeur dans le suivi et le diagnostic des causes de baisse de fertilité ou d'infertilité chez l'étalon. Toutefois, peu d'indicateurs biologiques sont actuellement disponibles pour l'orienter dans ses choix le limitant à l'analyse rétrospective des performances de l'étalon sur une ou plusieurs saisons. Dans ce contexte, l'objectif de ce travail est, dans un premier temps, de mieux comprendre les facteurs influençant la reproduction et les paramètres indicateurs de fertilité à considérer chez l'étalon ainsi que l'importance majeure de l'AMH en reproduction. Puis, dans un second temps, cette étude vise à déterminer si le dosage de l'AMH peut être un élément fiable indicateur de fertilité chez l'étalon par un suivi de cet indicateur et des performances reproductives chez un groupe d'étalons pendant une ou plusieurs saisons de monte. Il apparait ainsi que par sa variabilité interindividuelle importante, l'AMH plasmatique de l'étalon ne semble pas être un marqueur pertinent pour évaluer la fertilité d'un animal donné et, notre étude n'a pas permis de mettre en évidence un lien entre cette concentration et les performances reproductives de l'animal, pas plus qu'avec les différents indicateurs biologiques de la qualité de sa semence. Cependant, de profondes ignorances restent associées à l'importance biologique de cette hormone chez l'étalon sexuellement mature.[-]

La diminution des performances de reproduction chez la vache laitière haute-productrice est un fait incontestable, évoluant depuis de nombreuses années, sous l'influence de la sélection génétique orientée massivement pour la production laitière, en dépit de caractères comme la fertilité. La pression économique que cette diminution fait peser sur les élevages est importante. Des facteurs de risques alimentaires ayant un impact sur la reproduction ont été étudiés. Ainsi, une revue bibliographique a permis de mettre en évidence que le déficit énergétique en début de lactation, une alimentation riche en azote soluble, un déficit en calcium ou en sélénium ainsi que la présence de mycotoxines telles que la zéaralénone provoquait une diminution manifeste de la fertilité. Des solutions de terrain ont alors été explorées. La Note d'État Corporel permet aux éleveurs d'objectiver le déficit énergétique, et d'y parer en ajoutant à la ration des éléments glucoformateurs comme le propylène glycol. Une mesure de l'urée dans le lait de tank permet de mettre en évidence un taux d'azote soluble trop important dans la ration. D'autres mesures comme le pH urinaire permettent enfin d'avoir une idée du statut ionique de l'animal et de corriger d'éventuelles déséquilibres. Enfin, des composés alimentaires tels que le propylène-glycol, le beta-carotène, les acides gras à chaîne longue et insaturés ou encore charbon activé permettent de parer ou de corriger certaines dérives alimentaires nuisibles à la fonction de reproduction. Des moyens sont alors à disposition des professionnels du secteur pour limiter l'impact de l'alimentation sur la reproduction.[-]

Depuis maintenant une dizaine d'années, de nombreux étalons sont proposés en insémination artificielle avec de la semence congelée avec un nombre réduit de paillettes par rapport aux recommandations des Haras Nationaux, organisme de référence en France dans ce domaine. Le travail autour de l'insémination artificielle, comme le suivi gynécologique et la technique d'insémination, a alors beaucoup évolué et est devenu plus exigeant. L'objectif de ce travail a été de déterminer les facteurs de réussite à l'insémination artificielle avec une dose de semence congelée réduite. Pour ce faire, 529 inséminations ont été annotées et suivies dans un centre de reproduction labélisé REQS3, gage d'un niveau élevé de technicité, faisant référence dans le domaine de la reproduction équine. La réduction de la dose de semence congelée était au coeur de cette étude car 77,5% des inséminations ont été réalisées avec au maximum 200 millions de spermatozoïdes. Il ressort de cette étude qu'il n'y a pas de différence significative de taux de réussite à l'insémination lorsque la dose de semence congelée est diminuée. Ainsi, la dose prise séparément n'est pas un facteur déterminant. En effet, d'autres paramètres ont pu être identifiés comme facteurs d'intérêt pour une réussite à l'insémination, dans le cadre d'une mise à la reproduction conventionnelle pour obtenir une gestation au quatorzième jour ou d'une mise à la reproduction pour l'obtention d'un embryon lors d'une collecte par lavage utérin au huitième jour après l'ovulation. L'historique reproductif de la jument, son âge ou sa note d'état corporel sont des facteurs majeurs liés à la jument. A ces critères s'ajoute la qualité de la semence de l'étalon, ici gradée de 1 à 4, avant même de considérer le nombre de spermatozoïdes utilisés lors de l'insémination. L'utilisation d'un ensemble de paramètres observés sur la jument, la semence congelée et la technique d'insémination pourrait permettre d'améliorer les résultats sur le terrain si valorisés dans la prise de décision technique. En conclusion, la réduction de la dose de semence congelée jusqu'à 50 millions de spermatozoïdes est envisageable sans diminuer significativement le taux de réussite à l'insémination. Nous avons pu identifier des combinaisons de conditions permettant d'espérer obtenir le meilleur résultat à l'insémination artificielle avec de la semence congelée selon les caractéristiques de la jument.[-]