Les bronchopneumonies infectieuses (BPI) des jeunes bovins à l'engraissement sont des maladies ayant un impact économique majeur dans cette filière. Leur traitement repose sur l'utilisation d'antibiotiques car leur étiologie implique des virus et des bactéries qui agissent de manière séquentielle et synergique. La détermination étiologique précise de ces maladies est de plus en plus pratiquée, afin d'adapter au mieux les traitements utilisés, notamment dans le but de limiter le risque d'apparition d'antibiorésistance. L'objectif de ce travail de thèse était de produire des connaissances sur le diagnostic étiologique des BPI chez les jeunes bovins à l'engraissement en utilisant les données de prises de température rectale, de prélèvements sanguins, d'écouvillons nasaux profonds, d'échographies pulmonaires et de suivis cliniques à distance. Les données ont été récoltées au cours de l'hiver et du printemps 2023, ce qui représente 497 JB suivis de leur arrivée en élevage jusqu'à leur quatrième semaine d'engraissement. 67 animaux ont été considérés malades au moins un des jours d'examen. Nous avons étudié la relation entre les résultats PCR (à partir des écouvillons nasaux et visant 8 agents pathogènes respiratoires majeurs des bovins) de ces 67 animaux, les données échographiques, les valeurs de lactates et le suivi clinique à l'échelle des cases (unité épidémiologique). Nous avons ainsi montré l'intérêt de l'échographie pulmonaire dans le diagnostic étiologique des BPI chez les jeunes bovins en engraissement. En effet, nous avons montré un lien statistique entre le nombre moyen d'anomalies échographiques et la positivité à Mannheimia haemolytica. De la même façon nous avons montré un lien statistique entre la taille moyenne des anomalies échographiques et la positivité à Mycoplasma bovis. De façon plus générale, nous avons montré un lien statistique entre le nombre moyen d'anomalies échographiques et la positivité à au moins une des trois bactéries étudiées dans notre étude.[-]

L'objectif de ce travail de thèse était d'étudier l'intérêt de l'échographie pulmonaire, du dosage du lactate sanguin et du score clinique en tant qu'outils diagnostiques dans le cadre des bronchopneumonies infectieuses chez les jeunes bovins. Un total de 497 animaux a été suivi pendant le premier mois d'engraissement dans 9 élevages engraisseurs. 168 animaux ont été examinés de manière rapprochée (prise de température, échographies pulmonaires, lactates et écouvillons nasaux profonds) deux fois la première semaine d'engraissement puis une fois par semaine pendant trois semaines. Les données exploitées dans cette thèse ont été récoltées durant l'hiver et le printemps 2023. Nous nous sommes intéressés à la définition d'un animal malade, et trois définitions ont été utilisées. Selon la première, un animal était considéré malade lorsque l'éleveur avait décidé de lui administrer un traitement antibiotique. Selon la seconde définition, déterminée uniquement pour les animaux examinés de manière rapprochée, un animal était considéré malade lorsque sa température rectale était supérieure ou égale à 39,7°C et qu'au moins un signe respiratoire ou d'atteinte de l'état général était présent. La troisième définition visait à classer les animaux en fonction du type d'atteinte respiratoire présent : atteinte respiratoire haute, atteinte respiratoire basse avec ou sans altération de l'état général. Le lien entre résultats d'échographie pulmonaire et animaux malades selon les différentes définitions a été étudié. L'étude a porté sur la présence, le nombre et la taille des anomalies échographiques observées chez les animaux malades. Des liens significatifs ont été démontré entre ces trois critères et les animaux atteints de BPI.[-]

Les bronchopneumonies infectieuses (BPI) sont les affections les plus préoccupantes de la filière viande bovine. Or, il n'existe à ce jour pas de consensus pour définir, diagnostiquer et détecter précocément un animal malade. Les tests statistiques d'indépendance réalisés ont permis de montrer l'intérêt potentiel de l'échographie pulmonaire associée au score clinique, et l'intérêt limité de la lactatémie pour la détection précoce des BPI chez 497 jeunes bovins (JB) suivis pendant 1 mois en conditions expérimentales. Davantage de travail est nécessaire pour étudier l'intérêt de l'ensemble de ces méthodes dans une approche multicritère. Un examen clinique à distance (ECD) a été réalisé sur 497 JB 2 fois par semaine pendant le 1er mois d'engraissement, ce qui a permis de les classer dans 4 catégories chaque jour d'observation (sains, atteinte respiratoire haute / basse / de l'état général). 168 JB ont également fait l'objet d'un examen clinique rapproché (ECR) avec échographie systématique 1 fois par semaine. Parmi eux, 70 JB ont eu au moins 1 anomalie échographique et 69 JB ont été malades (température rectale ? 39,7 °C et signe clinique d'atteinte respiratoire ou de l'état général). La lactatémie a également été mesurée chez ces JB malades. La valeur de 2,0 mmol/L a été retenue comme seuil à partir de la littérature pour considérer la lactatémie élevée. D'une part, chez les JB malades, le lien entre la lactatémie et la présence d'une lésion de consolidation pulmonaire ? 1 cm2 (Csup1) le jour-même et/ou la semaine suivante a été étudié. Ces 2 paramètres sont significativement liés : l'observation d'une lactatémie élevée chez un JB malade est liée à la survenue d'une Csup1 le jour-même et/ou la semaine suivante. Il n'a pas été possible de déterminer si l'observation d'une Csup1 est liée à une augmentation de la lactatémie, ce qui aurait été plus pertinent. D'autre part, le lien entre la présence d'une Csup1 et l'observation d'une atteinte respiratoire basse lors d'un ECD au cours du mois de suivi a été étudié. Ces 2 paramètres sont liés : l'observation d'une Csup1 est liée à l'observation d'une atteinte respiratoire basse lors de l'ECD suivant. Enfin, les résultats de l'ECD et de l'ECR de la semaine suivante ont été comparés. Ces paramètres ne sont pas liés : les JB ayant une atteinte clinique (basse, haute ou de l'état général) lors de l'ECD n'ont significativement pas plus de risque d'être hyperthermes lors de l'ECR suivant.[-]

Le dosage des lactates en médecine humaine et vétérinaire est un paramètre de plus en plus exploré dans diverses affections. La mesure de ce paramètre, notamment en soins intensifs, lors de la prise en charge des urgences ou dans le suivi de patients, apporte une valeur diagnostique et pronostique fiable. Son dosage se réalise dans différents fluides de l'organisme (sang, urine, liquide cérébro-spinal ou articulaire, lait). Le développement d'appareils portatifs de dosages des lactates utilisables au chevet de l'animal rend désormais possible l'utilisation de ce paramètre en médecine rurale. Ces appareils sont faciles à utiliser, peu coûteux et ne nécessitent qu'une faible quantité de prélèvement. Ce manuscrit reprend les données scientifiques issues de la bibliographie traitant de l'intérêt de l'utilisation du dosage des lactates chez les ruminants. La pertinence du dosage des lactates lors de pathologies respiratoires chez les jeunes bovins, de diarrhées néonatales chez les veaux, d'anoxie ou de septicémies chez les veaux nouveau-nés ou encore lors d'abdomen aigu est ainsi décrite dans de nombreuses publications et études. L'établissement de valeurs seuils propres à chaque pathologie permet d'orienter le praticien dans sa prise de décision. Une lactatémie supérieure à 4 mmol/L chez les jeunes bovins atteints de bronchopneumonies infectieuses ou supérieure à 6 mmol/L lors de torsions utérines ou de volvulus de caillette chez les vaches oriente vers un pronostic de survie réservé et encourage à proposer l'euthanasie de l'animal atteint. Chez les veaux en anoxie, une lactatémie supérieure à 7,5 mmol/L indique un risque de mortalité élevé. Enfin, lors d'abdomen aigu chez les veaux, la valeur de 8,84 mmol/L est retenue pour poser un pronostic réservé.[-]