Le SIRS et le sepsis comptent parmi les affections les plus meurtrières dans le monde. C'est pourquoi leur compréhension et l'étude de ces phénomènes a été et demeure une priorité en urgentologie. La médecine humaine a su définir ces termes de manière consensuelle aussi grâce à l'élaboration d'un score de dysfonction multiorganique dit « SOFA ». Ce score est un outil largement utilisé avec de nombreuses fonctions. Dans cet esprit, plusieurs études vétérinaires ont mis en place des scores de dysfonction multiorganiques ou des scores de sepsis pour les chevaux adultes mais les choix des variables de ces scores ainsi que les valeurs seuil établies n'ont pas toujours été justifiées. Ainsi aucun de ces outils n'est aujourd'hui majoritairement utilisé par les vétérinaires. Pourtant les chevaux sont particulièrement sensibles au SIRS notamment lors de syndrome abdominal aigu. Un score SOFA adapté aux chevaux serait un bon en avant dans la prise en charge des chevaux en urgence. Dans notre étude rétrospective, nous avons évalué l'admission de 391 chevaux adultes admis au Centre International de santé du Cheval d'Oniris afin de déterminer avec méthode les paramètres biologiques et commémoratifs qui varient avec le statut SIRS. Cela a permis de choisir des paramètres fiables pour le score ainsi que des valeurs seuils précises. Grace à ce travail nous proposons un score de dysfonction multiorganique pour chevaux adultes présentant un syndrome abdominal aigu.[-]

La protéine C-réactive (CRP) est une protéine majeure positive précoce de l'inflammation, sensible mais fort peu spécifique, qui voit sa concentration multipliée par un facteur 10 à 1000 sous 24 à 48h post-stimulus. Chez l'homme, la CRP est à ce jour le biomarqueur de choix pour l'identification et le suivi d'un état inflammatoire. L'intérêt plus tardif porté aux biomarqueurs de l'inflammation en médecine vétérinaire est à mettre en lien à l'accès récent aux automates d'analyse au chevet du patient. Cette thèse vétérinaire interroge le bien-fondé du dosage de la CRP canine dans la démarche diagnostique d'un syndrome poly-étiogénique comme l'abdomen aigu, et vise à enrichir les données vétérinaires disponibles sur sa pertinence en terme de pronostic et de suivi au cours de l'hospitalisation des chiens malades. L'étude prospective conduite sur 75 chiens présentés au service des urgences du Centre hospitalier universitaire vétérinaire d'Alfort pour un abdomen aigu démontrait une excellente précision globale de la CRP pour discriminer dès l'admission une cause infectieuse d'une cause non-infectieuse (cut-off = 109 mg/L ; AUC = 0,894). Il existait une différence significative entre les concentrations en CRP chez les chiens présentant un sepsis selon la définition de 2001 par rapport à ceux présentant un simple état de SIRS non-infectieux (p < 0,0001). Les résultats soulignaient la pertinence de son suivi au cours de l'hospitalisation, en particulier en postopératoire d'une prise en charge chirurgicale, afin de diagnostiquer précocement la survenue d'une complication (cut-off = +7 % mg/L ; AUC = 0,833). En lien avec la survie à trente jours, aucune différence significative n'a été observée sur la concentration en CRP à l'admission, ni sur son évolution relative au cours des premières 48/72h d'hospitalisation. Ces résultats préliminaires soulignent la forte potentialité diagnostique et thérapeutique du dosage de la CRP lors d'abdomen aigu chez le chien. Au-delà de cette preuve de concept, une validation sur une plus large cohorte apparait comme une nécessité pour pouvoir à terme établir une recommandation opposable dans le cadre de cette pathologie.[-]

L'abdomen aigu est un motif fréquent de consultations en urgence. Les signes cliniques sont très peu spécifiques et le diagnostic différentiel de ce syndrome est large. Les animaux arrivant en abdomen aigu sont considérés comme critiques car susceptibles de présenter des défaillances d'organes pouvant impacter le pronostic vital à court ou moyen terme. Ainsi, la gestion d'un abdomen aigu doit être rapide et doit répondre à la fois à des enjeux diagnostiques et thérapeutiques. Environ 25 % des chiens en abdomen aigu présentés en urgence nécessitent la réalisation d'une chirurgie rapidement. L'anesthésie de ces animaux est alors un grand défi pour le vétérinaire. En effet, la réalisation d'une même chirurgie, lorsqu'elle est réalisée en urgence, augmente d'un facteur 1,6 le risque de complications anesthésiques par rapport à une chirurgie programmée. L'animal anesthésié présente alors des paramètres hémodynamiques qui ne sont pas toujours stabilisés lors de la chirurgie et peut répondre de façon non prédictible aux molécules utilisées. Dans l'état actuel des connaissances, les paramètres ayant une influence sur la morbimortalité péri-opératoire des chiens en abdomens aigus sont le délai entre l'apparition des signes cliniques et la prise en charge chirurgicale, l'état clinique à l'arrivée, notamment si le chien est en état de choc ou en syndrome inflammatoire a réponse systémique, la cinétique de lactatémie, le statut anesthésique codifié par la société américaine d'anesthésie (American Society of Anesthesiologists, ASA) de l'animal, son âge, son format, son score corporel, les molécules utilisées lors de l'anesthésie ainsi que la gestion de l'hypotension lorsqu'elle est présente. L'objectif de cette thèse est de mettre en évidence les paramètres qui ont une influence sur la morbi-mortalité péri-opératoire et de déterminer si ces paramètres pourraient être des facteurs prédictifs utilisables à des fins pronostiques. Notre étude rétrospective sur 244 chiens présentés au service des urgences de l'École Nationale Vétérinaire d'Alfort entre janvier 2017 et juin 2020 montre que l'existence d'une hypotension per-opératoire est significativement associée à un accroissement du risque de mortalité. De plus, la survenue d'une hypotension est plus fréquente chez les animaux présentant un statut ASA supérieur à trois à l'arrivée ou lorsque la durée d'anesthésie excède cent minutes.[-]