La fatigue compassionnelle constitue l'une des formes de souffrance dans les professions de santé. Ce syndrome s'applique d'autant plus aux vétérinaires praticiens qu'il attaque l'essence même de leur motivation pour le métier : l'empathie. L'étude bibliographique de ce travail rappelle les différences entre les concepts clés d'empathie et de compassion qui sous-tendent ce syndrome, expliqué à travers le système des neurones miroirs; une présentation du cadre de la traumatisation secondaire dans lequel la fatigue compassionnelle s'inscrit lève toute confusion avec d'autres syndromes desquels elle est conceptuellement proche. Combinaison d'épuisement professionnel et de traumatisation psychique secondaire, son application en médecine vétérinaire se justifie par les conditions de travail, les exigences des clients, et l'absence d'équilibre entre vies professionnelle et personnelle. La confrontation régulière à la maltraitance, la maladie et la mort, ainsi qu'une ambiance au travail et une confraternité décrites comme défaillantes dans la littérature alimentent la genèse de ce syndrome. Libérer la parole par la participation à des associations de soutien, sensibiliser les étudiants dès leur entrée sur les bancs des universités vétérinaires, et savoir reconnaître les signes de fatigue compassionnelle sont des pistes préventives et curatives à explorer. Une étude menée sur les vétérinaires exerçant en clientèle en France étoffe ce travail en explorant les facteurs de risque impliqués dans le développement d'un tel syndrome, et alerte sur les exigences d'adaptatbilité du vétérinaire praticien et l'ascenseur émotionnel inhérent à la profession.[-]