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Le diplôme vétérinaire délivré par les Écoles Nationales Vétérinaires (ENV) françaises offre de nombreux débouchés, même si beaucoup de jeunes font le choix de ce cursus sélectif par vocation, majoritairement médicale. La profession vétérinaire a connu de nombreuses et profondes évolutions, dont certaines sont le fruit de décisions politiques. Elles impliquent une restructuration rapide de l'identité professionnelle, qui, à l'échelle individuelle, est modelée de la formation à la retraite. Lors d'une non-congruence entre la personne et son métier on parlera de vocation contrée, source de reconversion professionnelle volontaire. Cet enjeu est devenu un problème public du fait de la diminution du maillage rural qui menace l'intérêt général. Ce travail va au-delà de l'identification des déterminants de la vocation contrée puisqu'il s'attache à comprendre les motivations professionnelles des vétérinaires qui n'exercent pas la médecine des animaux en clientèle. Pour cela, une base unique de vétérinaires non praticiens a été constituée. L'étude a porté sur un échantillon de 3 175 vétérinaires diplômés des ENV entre 1980 et 2017 dont une adresse de messagerie a été identifiée et s'est déroulée en deux phases. La première a consisté en une série d'entretiens exploratoires semi-directifs sur 25 personnes représentatives. La seconde était un questionnaire visant à déterminer les motivations professionnelles des individus ayant bifurqué et les déterminants d'une éventuelle vocation contrée. Cette phase a reçu un taux de réponses de 65,2%. L'analyse des résultats a montré que beaucoup de vétérinaires ont choisi de ne pas pratiquer en raison d'une vocation supérieure pour un autre métier. Lorsqu'ils existaient, les déterminants majeurs de la vocation contrée étaient liés à la perte de sens du métier de praticien dans toutes ses composantes, notamment en regard des évolutions de la place de l'animal et du travail dans la société. Ils ont rapporté que l'exercice de la médecine vétérinaire leur a semblé fermé sur lui-même, individualiste et offrant peu de perspectives de changements. Parallèlement, les limites éthiques d'une pratique soumise à l'exigence de rentabilité économique ont émergé, se confrontant à une vocation initiale puisant son enracinement dans la médecine, l'intérêt général et la volonté de « prendre soin ». Cependant, ces facteurs étaient en second plan, derrière le manque de reconnaissance ressenti par ces individus et la volonté de disposer d'une plus grande autonomie, notamment dans l'organisation de leur temps de travail. Dans l'imaginaire collectif, la profession vétérinaire se démarque des autres professions. Ce travail a permis de montrer qu'en dépit de ce statut singulier, elle n'est pas déconnectée des problématiques rencontrées par tous les corps de métiers. Ce constat justifie pleinement les politiques publiques actuellement mises en place par le Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire. Ce qui la différencie actuellement est son évolution vers un mode de sélection de plus en plus corporatiste, inquiétante car l'hypothèse sur laquelle elle est fondée a été démentie par cette étude. Le large jeu de données recueilli et analysé dans cette thèse contribuera à optimiser les efforts des pouvoirs publics grâce à connaissance des causes réelles pour lesquelles des vétérinaires choisissent de ne pas pratiquer.
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Le diplôme vétérinaire délivré par les Écoles Nationales Vétérinaires (ENV) françaises offre de nombreux débouchés, même si beaucoup de jeunes font le choix de ce cursus sélectif par vocation, majoritairement médicale. La profession vétérinaire a connu de nombreuses et profondes évolutions, dont certaines sont le fruit de décisions politiques. Elles impliquent une restructuration rapide de l'identité professionnelle, qui, à l'échelle in...
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