Au cours de ces dernières décennies, l'accroissement régulier de l'espérance de vie s'est accompagné d'une augmentation de l'incidence, de la prévalence, de la mortalité et du coût de prise en charge des patients insuffisants cardiaques. Les maladies cardio-vasculaires constituent ainsi toujours la principale cause de mortalité dans les pays industrialisés et demeurent un problème majeur de santé publique. Des progrès considérables ont été effectués dans la compréhension et la prise en charge médicale et chirurgicale de l'insuffisance cardiaque. Ces progrès n'auraient pu se faire sans la mise en place de multiples modèles expérimentaux animaux d'insuffisance cardiaque. Ce protocole expérimental a ainsi eu pour objectif de créer et d'étudier un modèle d'insuffisance cardiaque chronique (entre 3 et 6 mois d'induction et d'étude) chez un grand mammifère, la chèvre, à l'aide de deux techniques utilisées seules ou en combinaison, à savoir la fistule artério-veineuse (à l'origine d'une surcharge volumique) et l'administration hebdomadaire par voie intraveineuse de doxorubicine (connue pour sa cardiotoxicité). Ce travail est le résultat d'une collaboration entre l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort (Unité de cardiologie d'Alfort, professeurs Pouchelon et Chetboul) et l'hôpital Broussais (service de chirurgie expérimentale du professeur Carpentier). Chez la chèvre, l'administration hebdomadaire par voie intraveineuse de doxorubicine (à une dose comprise entre 0.5 et 1 mg/kg), seule ou associée à une fistule carotido jugulaire, permet d'induire une insuffisance myocardique pendant une durée comprise entre 12 et 29 semaines. L'évolution vers cet état d'insuffisance myocardique est progressive et maîtrisable par l'adaptation du rythme et de la posologie d'administration de la doxorubicine.