Les formulations pour-on d'endectocides sont largement utilisées pour traiter et contrôler les maladies parasitaires des bovins dans le monde. L'objet de cette étude a été d'estimer l'influence du comportement de léchage naturel des bovins sur les profils des concentrations plasmatiques et fécales d'ivermectine administrée par voie topique. Douze bovins de race Holstein ont reçu une injection IV (200 ug/kg) et une application topique (500 ug/kg) d'ivermectine à 5 mois d'intervalle. Pour l'administration pour-on, les animaux ont été répartis en deux groupes : un lot témoin (lécheurs) et un lot pour lequel le léchage a été empêché (non-lécheurs). La clairance plasmatique de l'ivermectine (270 +/ - 57.4 ml/kg/j) a été très homogène parmi les 12 bovins. Par contre, des différences majeures ont été observées entre les deux groupes après l'application pour-on. La prévention du léchage a conduit à une augmentation du temps de demi-vie plasmatique (363 +/ - 16.2 h VA 154+/- 7.4 h) et à une biodisponibilité systémique plus faible et moins variable (19 +/- 4.9 % vs 33 +/- 18.5 %). De plus, 69.2 +/- 12.1 % de la dose administrée a été retrouvé sous forme parentale dans les fèces des lécheurs contre seulement 6.6 +/ - 2.3 % chez les non-lécheurs. Ces résultats indiquent que l'ivermectine a été absorbée massivement par voie orale plutôt que percutanée chez les bovins témoins. L'ingestion a contribué pour environ 80 % à la fraction retrouvée dans les fèces. Les conséquences du léchage sur l'élimination de l'ivermectine pour-on sont discutées en termes d' environnement (écotoxicité) et de contaminations croisées. En effet, le léchage entre bovins pourrait conduire à la présence chez des animaux non traités de résidus inattendus dans les tissus destinés à la consommation humaine et à la possibilité de concentrations sub-thérapeutiques, facteur de résistance. Il semble donc légitime de s'interroger sur l'utilisation des formulations pour-on d'endectocides chez les bovins.