Depuis 1977, le chimpanzé commun (Pan troglodytes) est classé comme espèce en voie d'extinction par la CITES (International Convention on Trade of Endangered Species). Sa distribution sur le continent africain a en effet diminué de moitié. Alors qu'il y a quelques siècles, on comptait plusieurs millions de chimpanzés en Afrique Equatoriale, la population restante actuelle est estimée à seulement 150 000 à 200 000 individus. Les deux principales causes de la disparition progressive de l'espèce sont d'une part la destruction et la dégradation de son habitat, et d'autre part le trafic de chimpanzés vivants et de viande de brousse dont elle fait l'objet. Bien que des lois nationales et internationales réglementent l'utilisation des ressources naturelles, elles ne sont que partiellement mises en application. A l'heure actuelle, seules les mesures de conservation de l'espèce en aval, c'est-à-dire principalement la répression du trafic, est effective. Ainsi, pour répondre à l'afflux de chimpanzés saisis, incapables d'être directement relâchés en forêt, se sont créés depuis 30 ans des sanctuaires pour chimpanzés. Bien que leurs buts ultimes et leurs méthodes de réhabilitation diffèrent d'un centre à un autre, leur objectif principal reste le même : améliorer les conditions de vie de leurs pensionnaires afin qu'ils recouvrent, à terme, des comportements « naturels ». Longtemps dénigrés par les spécialistes de la conservation, ces sanctuaires sont pourtant aujourd'hui en mesure de participer a la conservation de l'espèce en amont. Ils peuvent en effet constituer des « pools » de chimpanzés aptes à être relâchés en milieu naturel, afin de renforcer les populations naturelles sauvages ou d'en recréer. Ils peuvent en outre mener diverses actions : place d'interlocuteurs directs avec le gouvernement du pays dans lequel ils ont été créés, éducation et aide au développement des populations locales villageoises, sensibilisation de l'opinion publique par l'éco-tourisme, apport de leur expérience de terrain aux domaines de la recherche.