Actuellement, la thérapie cellulaire est l'objet d'un regain d'intérêt du fait de découvertes majeures sur les cellules souches adultes et notamment leur capacité de régénération de certains tissus comme le coeur, le foie ou le cerveau. En néphrologie, les chercheurs ont montré le potentiel d'intégration des cellules souches adultes au rein et leur capacité de différenciation en cellules rénales, sur modèle murin. Le but de l'étude présentée était d'évaluer le potentiel de différenciation de cellules souches mésenchymateuses en cellules rénales, après transplantation autologue via l'artère rénale, sur un modèle ovin d'ischémie reperfusion. Matériel et méthode : La greffe cellulaire a été effectuée sur des animaux témoins et sur des animaux ayant subi une ischémie transitoire d'un seul rein. Les brebis ont été divisées en différents groupes selon le délai entre l'induction de la lésion et la greffe cellulaire. L'ischémie rénale a été réalisée durant 45 minutes grâce à un cathéter à ballonnet introduit dans l'artère rénale par voie percutanée et sous contrôle radioscopique. Le modèle d'ischémie a été évalué par dosage de l'activité rénine plasmatique et par analyse histologique post-mortem des reins. Les cellules souches mésenchymateuses sont issues de la moelle osseuse des brebis, elles sont sélectionnées, amplifiées et marquées en culture, puis injectées directement dans l'artère rénale des brebis. Résultats : Les CSM ont colonisé les reins de toutes les brebis, elles ont intégré les structures rénales, à la fois les glomérules et les tubules. Les expériences de double marquage ont révélé que les CSM retrouvées dans les glomérules avaient le phénotype des podocytes. Les CSM des tubules étaient positives aux marqueurs des cellules épithéliales. La comparaison entre les groupes a révélé un adressage préférentiel des CSM vers les zones lésées du rein ischémié. L'ensemencement des tubules était significativement supérieur lorsque les cellules étaient greffées immédiatement après la lésion. Discussion : Dans cette étude est réalisée une greffe autologue de CSM dans le rein, qui résulte en un ensemencement significatif des structures rénales, avec différenciation des CSM en cellules glomérulaires et tubulaires. L'injection des CSM par voie intra-artérielle grâce à une technique de chirurgie mini-invasive permet aux cellules de coloniser le parenchyme et évite le recaptage par les organes filtres. Ces résultats permettent d'espérer une application clinique à long terme.