Depuis 2006, le « syndrome du nez blanc », une mycose émergente, a entrainé la mort de plus de six millions de chauves-souris hibernantes insectivores en Amérique du Nord. L’agent étiologique pathogène Pseudogymnoascus destructans, précédemment nommé Geomyces destructans, est un champignon ascomycète psychrophile saprophyte qui envahit la peau des chauves-souris en profondeur, ce qui se traduit macroscopiquement par la présence de proliférations fongiques blanchâtres poudreuses exubérantes inconstantes sur le nez (et qui donnent son nom à la maladie), les oreilles et les ailes des chauves-souris infectées et microscopiquement par la présence caractéristique d’érosions cutanées en forme de coupe remplies d’hyphes fongiques sans aucune réaction inflammatoire associée. La torpeur entrainerait une suppression de la réponse immunitaire permettant la colonisation cutanée par P. destructans sans résistance. Les lésions alaires consécutives provoqueraient une déshydratation hypotonique responsable d’une augmentation de la fréquence des réveils consommant excessivement les réserves lipidiques, réserves que les chauves-souris seraient incapables de reconstituer à cause du manque de nourriture en plein hiver. Plusieurs devenirs sont ainsi possibles pour les chauves-souris hibernantes. Si elles consomment toutes leurs réserves lipidiques avant la fin de l’hibernation, la mort est assurée. Par contre, si les réserves lipidiques tiennent jusqu’à la sortie d’hibernation et que les chauves-souris survivent à la réactivation du système immunitaire, la guérison est possible. Néanmoins, se posera rapidement le problème du prochain hiver, P. destructans pouvant survivre sous formes de spores dans l’environnement et sur l’hôte. P. destructans, natif d’Europe de l’ouest où les chauves-souris auraient co-évoluées avec l’agent pathogène, aurait été transporté accidentellement par voie anthropogénique en Amérique du Nord. Toutes les espèces de chauves-souris nord-américaines hibernantes ne sont pas impactées avec la même sévérité. Les espèces du genre Myotis sont particulièrement touchées si bien qu’elles sont en voie d’extinction. Les conséquences écologiques et économiques de tels déclins de populations sont désastreuses. Pour l’instant, aucun traitement n’est disponible et il ne serait pas impossible que les chauves-souris nordaméricaines doivent initier une guérison par elles-seules, par le biais de l’évolution génétique.

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