Alors que les maladies infectieuses podales telles que la dermatite digitée, la dermatite interdigitée et l'érosion de la corne du talon, sont un défi majeur pour la santé des troupeaux bovins laitiers, l'utilisation des pédiluves est controversée quant à leur efficacité et leur innocuité. L'objectif de cette étude est, d'une part, d'établir un état des lieux des données fournies par la réglementation et la littérature à disposition des praticiens, mais aussi de faire le point sur les essais cliniques évaluant l'efficacité des pédiluves par le biais d'une méta analyse comparant 24 protocoles expérimentaux. D'autre part, l'étude a pour finalité de recenser les avis et prescriptions de ces mêmes praticiens lorsqu'ils sont confrontés à ces affections podales. L'objectif supplémentaire de ce travail est enfin de comprendre, par le biais d'une seconde enquête, la démarche, dans un tel contexte, des industriels producteurs de biocides pour pédiluves. Les résultats de la première enquête, à laquelle ont répondu 116 vétérinaires praticiens ruraux, indiquent que 77%, soit une grande majorité, prescrivent ou ont déjà prescrit des pédiluves, essentiellement contre la dermatite digitée (dans plus de 80% des cas). Ensuite, contrairement aux tendances réglementaires, le sulfate de cuivre et le formaldéhyde sont largement plébiscités par les praticiens (respectivement 66% et 43% des réponses à la question). Mais l'étude montre que cela correspond aux indications trouvées dans la littérature disponible ainsi qu'aux résultats et protocoles des essais cliniques recensés. Le protocole d'utilisation du pédiluve est assez variable même si une convergence des pratiques est à noter concernant le volume des bassins (300L), le renouvellement de la solution (aux alentours de 200 passages), et la concentration de certains produits comme le formaldéhyde ou encore le nettoyage préalable des pieds avant le passage en solution. Les divergences concernent surtout le régime d'application des produits et leur concentration. De leur côté, les industriels producteurs de produits biocides sont en accord avec la réglementation. Mais les solutions commerciales ne sont pas spécialement conçues dans le cadre de la lutte contre les agents pathogènes des maladies podales des bovins ; ils sont revendiqués comme des produits d'hygiène.