Le parasite Strongyloides stercoralis est un nématode infestant l'Homme et les carnivores domestiques. La strongyloïdose est bien documentée chez l'Homme ; en revanche, il existe peu de données bibliographiques sur celle des carnivores domestiques, notamment en Europe. Ce travail a ainsi comme objectif de décrire les particularités de la strongyloïdose canine et féline. Cette parasitose, souvent décrite comme une maladie tropicale, est présente en France et atteint le plus souvent les jeunes animaux.
La première partie de ce travail décrit le parasite Strongyloides stercoralis, nématode qui est capable d'auto-infection au sein de son hôte. Une étude comparative de la strongyloïdose chez les carnivores domestiques et chez l'Homme permet d'appréhender les particularités de cette parasitose. En effet, les signes cliniques secondaires à l'infestation sont protéiformes et non spécifiques.
La seconde partie de ce travail est une étude de 15 cas cliniques observés chez des chiens et des chats vus en consultation à l'ENVA ou suivis par le service de parasitologie. Le dossier clinique de chaque animal infesté a été minutieusement étudié, les propriétaires des animaux concernés ont été contactés et des analyses coprologiques de contrôle ont été réalisées afin d'obtenir le plus d'informations sur cette parasitose. Cette étude a permis de mettre en évidence les particularités de la strongyloïdose chez les carnivores domestiques. Cette parasitose, qui semble actuellement en recrudescence en France avec souvent des formes cliniques graves que l'on peut qualifier de strongyloïdose maligne, atteint majoritairement les jeunes animaux et se manifeste par des troubles digestifs et/ou respiratoires. Le diagnostic coprologique nécessite la mise en oeuvre de la technique de Baermann. Enfin, l'efficacité thérapeutique de l'ivermectine est nettement supérieure au fenbendazole pour le traitement de la strongyloïdose des carnivores domestiques.
En conclusion, la strongyloïdose doit être incluse dans le diagnostic différentiel des troubles digestifs et/ou respiratoires, affectant les jeunes carnivores domestiques avec une atteinte de l'état général et ne répondant pas aux traitements symptomatiques couramment utilisés.