L’agriculture biologique ne cesse de progresser en France depuis quelques années. L’élevage bovin allaitant biologique ne représente que 3,5 % du cheptel national fin 2015 ; mais il est important pour le vétérinaire intervenant dans les élevages biologiques de connaître ce mode de production et la réglementation européenne à laquelle sont soumis les éleveurs. Peu d’études ont porté sur l’élevage bovin allaitant et les pratiques des éleveurs biologiques sont encore peu connues. Ce constat a motivé la réalisation d’une enquête auprès d’éleveurs biologiques et conventionnels de la Creuse et de l’Indre. Le but de ce travail était de savoir si la conduite d’élevage, les dominantes pathologiques et les pratiques sanitaires différaient selon le mode de production et de connaître le ressenti des éleveurs sur les changements induits par la conversion vers l’agriculture biologique. Trente et un éleveurs biologiques (AB) et 20 éleveurs conventionnels (AC) ont répondu, lors d’un entretien, à notre questionnaire portant sur leurs conduites, leurs pratiques sanitaires, les maladies touchant l’élevage et les traitements vétérinaires. Les dominantes pathologiques et le niveau sanitaire ne varient pas selon le mode de production. Les principales différences concernent la conduite alimentaire avec une autonomie plus élevée chez les éleveurs biologiques (71 % des éleveurs AB versus 10 % des éleveurs AC), et les choix génétiques portés avant tout sur les critères fonctionnels en élevage biologique (75 % en AB versus 30 % en AC). Les éleveurs biologiques se distinguent des éleveurs conventionnels par leur moindre recours aux vaccins (29 % en AB versus 60 % en AC) et aux antiparasitaires allopathiques systématiques (21o% en AB versus 85 % en AC). La gestion du risque parasitaire repose sur une grande attention accordée au pâturage (71 % en AB versus 35 % en AC). Le recours aux médecines complémentaires est fréquent (79 % en AB versus 40 % en AC). 38% des éleveurs en AB plébiscitent la proposition de certaines solutions complémentaires par leur vétérinaire. La conversion ne présente pas de difficultés pour plus de la moitié des éleveurs (55 %) Les principaux changements observés concernent l’assolement (pour 68 % des éleveurs) avec la mise en place de cultures permettant d’atteindre l’autonomie alimentaire et l’adoption d’une vision globale de la santé du troupeau (pour 52 % des éleveurs) avec la mise en place de mesures préventives.