Le suboestrus correspond à l'absence de chaleurs observées, que ce soit par défaut d'observation ou défaut d'expression, chez un animal correctement cyclé. Cette anomalie, fréquente en élevage laitier, rallonge les intervalles vêlage-première insémination (IVIA1) et vêlage-insémination fécondante (IVIAF). Les facteurs de risque sont nombreux : parité, niveau de production laitière, santé des animaux, logement, conduite de l'éleveur… L'objectif de ce travail était d'étudier rétrospectivement l'intérêt du traitement individuel du suboestrus par une injection de prostaglandines F2alpha(PGF2alpha) suivie d'une insémination artificielle (IA) sur chaleurs observées dans deux élevages avec des difficultés de détection des chaleurs. Pour cela, toutes les femelles de ces deux élevages ayant été vues en suivi de reproduction par le service de Reproduction animale de l'ENVA au cours de l'année 2011 et ayant présenté un diagnostic de suboestrus ont été recrutées. Les informations suivantes ont été notées : dates de vêlage, des IA, des examens et des traitements, numéro de lactation, note d'état corporel (NEC) au moment de l'examen, diagnostic, traitement prescrit, réalisation du traitement, résultat du diagnostic de gestation. Du fait des différences entre les deux élevages, les données ont été analysées séparément. Le taux de soumission (pourcentage de femelles inséminées dans les 9 jours suivant un traitement), le taux de gestation sur IA induite et le taux de gestation global (prenant en compte toutes les femelles traitées) ont été calculés et comparés selon la parité, la NEC au moment du traitement et l'intervalle entre le vêlage et le traitement. Dans l'élevage B, les performances de reproduction (IVIA1, IVIAF, pourcentage de vaches avec au moins 3 IA) ont été comparées entre les vaches selon qu'elles aient reçu un traitement ou non.
Cette étude nous a permis de disposer de données objectives quant à la fréquence de réalisation d'une IA suite au traitement, qui est le but premier de l'injection de PGF2?, dans deux élevages. Le taux de soumission était de 45 % pour les vaches de l'élevage A et de 20 % pour les vaches de l'élevage B, sur la période étudiée. Le taux de gestation observé suite au traitement des vaches était de 27 et 32 %, respectivement pour l'élevage A et B. Une influence de la parité a été observée sur le taux de gestation qui était supérieur pour les génisses (69 %) dans l'élevage A (p < 0,05). Une influence de la NEC au moment du traitement sur le taux de soumission des vaches qui était supérieur pour les vaches avec une NEC >ou= 2,5 dans l'élevage B (40 % vs 17 %, p < 0,01). Nous ne pouvons pas conclure sur un effet du traitement sur l’amélioration des performances de reproduction, par absence de lot témoin, cette étude étant rétrospective. Pour améliorer le taux de soumission des vaches traitées dans les élevages étudiés, il pourrait être intéressant de proposer des outils d'aide à la détection des chaleurs et de définir des critères de sélection des vaches qui auraient plus de chances de manifester des chaleurs. Pour élargir le choix de ces critères, il serait intéressant d'approfondir notre étude en y incluant d'autres paramètres comme la production laitière et les taux de matière utile du lait, en tant que marqueurs plus performants du déficit énergétique (qui semble être un facteur de risque d'une faible expression des chaleurs) que la NEC.