Nous avons étudié l’effet co-cancérogène d’un régime à base de viande bovine, riche en hème, sur la muqueuse du côlon de rats chimio-induits par l’azoxyméthane et de souris Min/apc. Pour cela, nous avons dosé la concentration en hème des eaux fécales et nous avons déterminé au microscope le nombre et la taille des foyers de cryptes aberrantes (ACF) et des cryptes pauvres en mucine (MDF) sur les muqueuses coliques des rats ainsi que les tumeurs intestinales des souris. Nous avons cherché la corrélation entre l’hème fécal et la cancérogenèse. Enfin, nous avons testé l’effet d’additifs antioxydants et de la cuisson de viandes sur la cancérogenèse. La consommation de viande rouge a été promotrice de la croissance des MDF (p=0.028) et a augmenté la surface tumorale (p=0.002), avec un effet non significatif sur le nombre de tumeurs (p=0.059) dans l’intestin des souris. Les régimes riches en viande ont augmenté l’hème fécal des rongeurs (rats : p< 0.0001 ; souris : p=0.015). Enfin, les rats ayant reçu de la viande marinée ou des viandes bien cuites avaient moins de MDF que les témoins appariés (p<0.01). Inversement chez les souris nous avons observé un effet promoteur de la cuisson (p<0.0001) mais pas d’effet protecteur de la marinade. Cette étude montre l’effet promoteur de la viande bovine sur le développement de lésions précancéreuses. Cette promotion est corrélée avec la concentration en hème fécal. L’ajout d’antioxydants ou une cuisson adéquate sont protecteurs chez les rats seulement et représentent donc d’éventuelles stratégies de prévention à valider chez l’Homme.