La circulation extracorporelle est une technique de suppléance cardio-pulmonaire, dérivant le sang circulant dans le coeur et les poumons, permettant l’obtention de cavités cardiaques exsangues et facilitant ainsi la réalisation de gestes chirurgicaux intracardiaques complexes. Si cette technique s’est, depuis une cinquantaine d’années, démocratisée chez l’Homme à titre clinique et chez l’animal (porc, brebis, chien, chat…) à titre expérimental, elle reste encore anecdotique en médecine vétérinaire chez les carnivores domestiques, et plus encore chez le chat. Dans une première partie, l’auteur réalise une étude bibliographique de la circulation extracorporelle chez les carnivores domestiques. Les principales problématiques associées à la circulation extracorporelle chez ces espèces y sont présentées et détaillées. Elles incluent principalement la grande variabilité de taille et de conformation des animaux et les contraintes qui en découlent (en particulier l’hémodilution excessive chez ceux de petit format). L’utilisation de l’hypothermie et la cardioplégie, deux techniques souvent associées à la circulation extracorporelle chez l’homme, est aussi décrite chez le chien et le chat. Les indications de chirurgie cardiaque avec circulation extracorporelle y sont, de plus, exposées. Enfin, l’adaptation des protocoles (d’anticoagulation, de canulation, d’hémodilution, etc.) utilisés en médecine humaine et l’emploi d’un matériel particulier rendant la circulation extracorporelle accessible aux carnivores domestiques, sont aussi expliqués. La deuxième partie de ce travail est consacrée à une étude rétrospective portant sur les cas de circulation extracorporelle chez des carnivores domestiques réalisés par l’équipe de l’IMM-Recherche, en collaboration avec l’Unité de Cardiologie d’Alfort entre 2002 et 2013. Pendant cette période, la circulation extracorporelle a ainsi permis de réaliser, chez 9 chiens, 4 remplacements valvulaires mitraux, une commissurotomie mitrale à coeur ouvert, une occlusion par patch d’une communication interventriculaire, une correction de tétralogie de Fallot et de sténose pulmonaire par patch et une exérèse de tumeur intra-atriale. Une correction de cortriatriatum sinister par membranectomie a été aussi pratiquée chez 2 chats. Parmi ces 11 cas de circulation extracorporelle étudiés, 9 ont été des succès. L’un des échecs, chez un chien atteint d’une maladie valvulaire dégénérative mitrale, s’explique par le stade trop avancé de la cardiopathie lors de l’intervention. L’autre échec était la conséquence probable d’une hémodilution excessive et d’un syndrome de réponse inflammatoire systémique engendré par la circulation extracorporelle. La circulation extracorporelle, telle que pratiquée ici, semble ainsi réalisable chez le chien et le chat, bien qu’il semble difficile aujourd’hui encore de généraliser sa faisabilité. Cette technique mérite de continuer à être étudiée afin de développer à plus grande échelle la chirurgie cardiovasculaire chez ces animaux.

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