En orthopédie, le grasset est l’articulation la plus fréquemment atteinte chez les carnivores domestiques, la rupture du ligament croisé crânial étant une des causes de boiteries les plus fréquentes. Plusieurs hypothèses existent quant à l’origine de cette rupture. L’incidence élevée de ruptures bilatérales à la première présentation, ainsi que la fréquence de ruptures controlatérales précoces est en faveur d’une hypothèse dégénérative et évolutive de la maladie. Cependant, peu d’études se sont intéressées aux facteurs de risques qui peuvent entraîner une rupture controlatérale. Cette étude rétrospective porte sur 165 chiens de plus de 20 kg, opérés à l’ENVA entre Janvier 2008 et Juin 2012, et dont les propriétaires ont répondu à un questionnaire de suivi à long terme, au moins 6 mois après la chirurgie. Les ruptures bilatérales initiales ont été conservées. L’objectif était d’identifier des facteurs de risque ou de protection pour la rupture du ligament controlatéral. Les dossiers médicaux et radiographiques des animaux ont été examinés, ainsi que les compte-rendus opératoires. Les données enregistrées comprennent : le signalement des animaux, la technique de correction chirurgicale employée, la progression de l’arthrose du grasset, les lésions méniscales, les complications post opératoires et la récupération fonctionnelle à long terme. Un taux de ruptures bilatérales initiales de 13,3 % a été observé, ainsi qu’un taux de ruptures bilatérales différées de 34,3 %, dans un délai médian de 323 jours. La durée médiane de suivi des animaux n’ayant pas présenté de rupture controlatérale est de 3 ans. Toutes les variables ont été évaluées statistiquement, afin de mesurer leur impact sur la durée de survie du ligament controlatéral. Aucune différence significative n’a été mise en évidence, mais plusieurs tendances ont été observées. En particulier, plus la première rupture est survenue jeune, plus la rupture controlatérale a été précoce et fréquente. Les animaux ayant été opérés par ostéotomie de nivellement du plateau tibial ont présenté plus de ruptures controlatérales et plus précocément, mais les limites d’une étude rétrospective n’ont pas permis d’identifier un rôle de protection d’une des techniques chirurgicales de correction.