Nos animaux domestiques sont depuis longtemps les objets de nombreuses chirurgies mutilantes, à visée thérapeutique, esthétique ou de convenance. Leurs propriétaires ont recours à ces pratiques pour conserver la santé et la valeur économique de leurs animaux, pour améliorer leur aspect esthétique, et pour faciliter leur manipulation. Nous nous sommes intéressés aux mutilations pratiquées en France du XVème au XIXème siècle. À cette époque, le cheval tient une place capitale au sein de la société : c’est un outil de travail mais aussi le reflet d’un statut social. En conséquence, les hippiatres, les maréchaux et autres praticiens pratiquent sur lui de nombreuses mutilations censées le guérir de ses maladies et le rendre le plus beau et le plus agréable possible à l’emploi. Ces mutilations ont presque toutes disparu au courant du XIXème siècle, mais la caudectomie a persisté longtemps chez les races de trait. Les carnivores domestiques étaient surtout soumis à des mutilations de convenance, qui se sont perpétuées par la suite : la stérilisation, l’otectomie, et la caudectomie. Plusieurs mutilations avaient également pour but de les protéger de la rage, et des attaques d’autres animaux. Les animaux de rente (bovins, ovins, caprins, porcins, oiseaux, poissons d’élevage) subissaient et subissent toujours des mutilations de convenance, qui permettent d’améliorer leur productivité et leur manipulation. Entre le XVème et le XIXème siècle, il s’agit surtout de la stérilisation (qui favorise l’engraissement), de l’écornage, et de l’éjointage des oiseaux d’agrément et de basse-cours. Les poissons aussi étaient castrés pour l’engraissement. La variété des mutilations sur ces espèces est allée en s’amplifiant avec l’avènement de l’élevage intensif au XXème siècle. Le point de vue de la société et des vétérinaires sur ces mutilations a évolué avec le temps, vers une meilleure prise en compte du bien-être animal. Mais de nombreuses mutilations restent couramment pratiquées de nos jours sur nos animaux domestiques, pour des raisons essentiellement de convenance.