La prévalence de l’hypocalcémie subclinique, c’est-à-dire la chute de la calcémie au vêlage en-dessous de 80 mg/L (ou 85 mg/L selon les auteurs) sans entraîner de signe clinique visible, est inconnue en France. Pourtant, cette affection pourrait avoir de multiples conséquences pour la vache laitière. Elle représenterait un stress supplémentaire au vêlage, elle accentuerait le déficit énergétique du début de lactation, elle altèrerait le système immunitaire, et elle augmenterait la sensibilité à certaines affections du postpartum. D’après plusieurs études américaines, l’hypocalcémie subclinique toucherait 25 % des primipares et 50 % des multipares. Pour rechercher si la France est elle aussi concernée par l’hypocalcémie subclinique, la calcémie autour du vêlage a été dosée chez 106 vaches Prim’Holstein d’une clientèle vétérinaire des Ardennes. Elle a été mesurée dans la semaine précédant le vêlage (en moyenne 3 jours avant), puis 12 à 24 heures, 4 jours et 8 jours après le vêlage, puis tous les 7 jours si elle persistait en dessous de 85 mg/L. Le seuil d’hypocalcémie subclinique utilisé était le seuil de 80 mg/L et une vache était considérée en hypocalcémie subclinique dès lors qu’elle présentait au moins une fois une calcémie inférieure à 80 mg/L, sans signe clinique d’hypocalcémie. Parmi les 106 vaches de l’étude, 45% sont apparues en hypocalcémie subclinique, et plus précisément, 16 % des primipares et 57 % des multipares. Une association significative a été mise en évidence entre une calcémie basse au vêlage et certaines affections du péripartum, comme les métrites, les mammites, la rétention placentaire et la cétose (p = 0,03 pour la rétention placentaire et p = 0,01 pour le développement d’au moins une des quatre maladies citées). On a observé une tendance des vaches à déclarer au moins une de ces maladies dès 83 mg/L de calcémie (p = 0,06) et une nette association entre l’hypocalcémie subclinique et ces mêmes maladies dès 75 mg/L (p = 0,03). Aucune association significative n’a été mise en évidence entre l’hypocalcémie subclinique et la note d’état corporel, le score de remplissage du rumen, le score de boiterie, le pH urinaire (tous évalués dans la semaine avant le vêlage), la magnésémie (mesurée au vêlage) ou l’acétonémie (dosée à 4 jours et 8 jours postpartum). Par contre, les vaches hypocalcémiques ont produit 4,8 kg de lait de plus que les vaches saines, après 1 mois de lactation (p < 0,01). Aucune différence significative concernant la qualité du lait (TB, TP, taux cellulaire) n’a été constatée.

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