Les changements climatiques affectent le milieu dans lequel évoluent les espèces et par ce biais les performances des individus. En milieu polaire, la glace de mer reflète ces changements. Le manchot Adélie (Pygoscelis adeliae) est un prédateur marin qui en dépend et est considéré comme espèce éco-indicatrice de l’océan antarctique. La glace de mer tout au long de la saison et la météorologie ont-elles un impact sur le succès de reproduction ? Le suivi de manchots Adélie sur une période de dix ans a permis de confronter des données de phénologie, d’état initial des individus (masse corporelle (MC), corticostéronémie), de durée de voyages alimentaires (VA) et de succès de reproduction à des données environnementales sur cette même période (concentration de glace de mer (SIC), étendue de banquise (SIE), températures et précipitations). Nous montrons que la SIC pendant l’hiver n’est pas reliée à l’état initial des individus mais qu’une grande SIE semble retarder l’arrivée des individus. La MC des individus préjuge en partie du succès de reproduction final mais pas leur corticostéronémie. La SIC et l’étendue de banquise impactent le succès de reproduction en modulant la durée des VA. Enfin, les précipitations importantes associées à des températures positives après l’éclosion sont des conditions météorologiques très défavorables. Nous avons pu mettre en évidence les moments les plus sensibles de la saison selon les paramètres environnementaux considérés : éclosion pour la météorologie, élevage pour la SIC et la SIE. Pour mieux comprendre le lien entre glace de mer et succès de reproduction, disposer de plus d’informations sur les voyages alimentaires serait intéressant.