La tuberculose due à Mycobacterium bovis est une maladie contagieuse, pouvant toucher l’Homme et de nombreuses autres espèces animales. Cette maladie représente un fléau majeur pour les élevages bovins et un sujet préoccupant de Santé Publique, de par sa possible transmission de l’animal à l’Homme. En France, la surveillance de la tuberculose bovine repose sur trois composantes : le dépistage en élevage, le dépistage lors des mouvements d’animaux et le dépistage en abattoir. Ces trois composantes de surveillance ne sont pas appliquées dans tous les départements et répondent à une réglementation spécifique. Ainsi, dans certains départements, le dépistage en abattoir est la seule méthode de surveillance de la maladie, et consiste en la détection de lésions évocatrices de tuberculose par les techniciens d’abattoir. Cette étude s’est intéressée à l’efficacité du dépistage de la tuberculose par la surveillance à l’abattoir en France. Pour cela, nous avons estimé sa sensibilité, c’està- dire la probabilité de détecter un bovin infecté par cette composante, en tenant compte de plusieurs facteurs, notamment humains et techniques, à l’aide d’une méthode de modélisation stochastique par arbres de scénarios. Une enquête auprès de techniciens d’abattoir par entretiens semi-directifs et une revue de la littérature ont permis le paramétrage de l’arbre. Des simulations ont été effectuées pour des typologies de zones à faible, moyen et haut risque vis-à-vis de l’infection tuberculeuse (variation du pourcentage de prévalence). En zone de haut risque, la probabilité de détecter un animal infecté et abattu a été estimée entre 10 % et 35 %, avec une moyenne de 21 % ; en zone de moyen risque elle est comprise entre 6 % et 31 %, avec une moyenne de 16 % et en zone à faible risque, elle est comprise entre 2 % et 28 %, avec une moyenne de 10 %. L’expertise du technicien, qui correspond à sa formation et à son expérience professionnelle, joue un rôle généralement plus important dans la détection d’un cas de tuberculose que les conditions de travail (luminosité, vitesse de la chaîne). La sensibilité individuelle générale, c’est-à-dire la probabilité de détecter un cas de tuberculose par la surveillance en abattoir, en prenant en compte la probabilité qu’un animal soit infecté et abattu, varie également selon les trois zones : en moyenne 0,07 % et 0,19 % dans les zones de moyen et haut risque respectivement et 8,3 pour un million dans les zones de faible risque.