A l’instar de la médecine humaine, les établissements de santé vétérinaires font face aujourd’hui à l’émergence d’infections nosocomiales latentes et responsables de la résurgence d’épizooties graves. L’étude de telles maladies nécessite d’en caractériser les réservoirs épidémiologiques et, parmi eux, le stéthoscope a été identifié comme un vecteur potentiel d’agents pathogènes tant en médecine humaine que vétérinaire. Objectif : Évaluer le taux de contamination bactérien moyen des stéthoscopes du Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire d’Alfort (CHUVA), l’efficacité d’une désinfection quotidienne à l’alcool et mettre en place une campagne de sensibilisation destinée au personnel soignant. Matériel et méthode : Des stéthoscopes prélevés au hasard parmi un panel représentatif d’étudiants et de praticiens des services du CHUVA ont été mis en culture avant désinfection puis huit heures après désinfection à l’alcool, et un comptage des colonies et des souches présentes a été réalisé à chaque étape. Un sondage concernant les habitudes d’hygiène vis- à-vis du stéthoscope a ensuite été réalisé auprès du personnel soignant afin de cerner les points critiques et établir des mesures préventives. Résultats : Au total, 90 % (80/89) des stéthoscopes, dont la totalité de ceux non désinfectés, ont présenté des cultures bactériennes positives, avec parfois un nombre de colonies incomptable visuellement et plus de dix souches différentes, sans différence significative entre les services. L’enquête réalisée a montré un défaut d’hygiène du stéthoscope notamment dû à un manque de formation à ce sujet. Discussion : La persistance de cultures bactériennes positives en fin de journée laisse penser que le protocole de désinfection unique est insuffisant pour assurer une réduction efficace de la pression infectieuse à long terme. Dans ce contexte, la mise en place de la campagne de prévention mettant en avant des gestes rapides et simples a pour but de démocratiser le nettoyage du stéthoscope au même titre que celui des mains ou du thermomètre, et des études ultérieures devront être menées afin d’en évaluer l’impact à long terme.