Cette étude récapitule l’historique de Pteropus niger, depuis la colonisation de l’île Maurice par l’homme jusqu’en 2016. C’est à travers les descriptions de Pteropus niger par M. de La Nux en 1772 que l’on s’intéresse successivement à sa vie dans les dortoirs, son alimentation, sa locomotion ainsi que sa reproduction. Parce qu’elle constituait une source de nourriture, cette chauve-souris était menacée. Deux siècles plus tard, elle l’est toujours : la chasse, la déforestation massive avec la perte de l’habitat, les cyclones, les fils électriques, etc constituent autant de menaces sur une île où bien d’autres espèces ont connu l’extinction. L’inscription de cette espèce sur la liste des espèces protégées en 1993 par le ”Wildlife and National Park Act” a été un premier pas dans sa conservation. Différentes organisations, telles que la Mauritian Wildlife Foundation ou Casela Limited©, contribuent à la recherche sur cette espèce et/ou à la sensibilisation de la population mauricienne. Depuis plusieurs décennies, un conflit oppose les producteurs de fruits à Pteropus niger, frugivore, qui occasionne de nombreux dégâts sur les vergers. Fin 2015, ce conflit a connu un tournant majeur avec l’organisation, par le gouvernement, d’un abattage contrôlé d’une partie de la population de chauves-souris ; une décision renouvelée en 2016. Dans ce contexte, un protocole expérimental a été conçu pour réaliser des tests de préférence alimentaire sur Pteropus niger en captivité. Celui-ci a d’ores et déjà démontré que les chauves-souris réalisent un choix lors de la prise de nourriture et qu’elles préfèrent certains fruits (papaye, poire) à d’autres (bananes). La poursuite de cette expérience permettrait de connaitre l’influence de leurs sens et de la maturité des fruits sur la prospection et la prise de nourriture. La connaissance des facteurs intervenant dans la recherche de nourriture permettrait de mieux cibler des solutions non létales qui seraient suffisamment efficaces pour protéger les vergers. Par ailleurs, des cadavres récupérés lors de la période d’abattage de 2015 ont servi à la réalisation d’un atlas photographique de cette espèce. Notons en particulier des caractères que l’on ne retrouve pas chez les autres chauves-souris, à savoir : un os pénien présent dans la partie distale du gland chez les adultes et une différence dans la fusion des vertèbres sacrées entre les individus mâles et femelles. Cela devra être cependant confirmé par d’autres dissections. La prise de clichés radiographiques ainsi que la reconstitution de quatre squelettes de Pteropus niger ont également été réalisées. Ceux-ci servent actuellement de supports pédagogiques pour la sensibilisation des Mauriciens et des touristes à cette espèce.