Tritrichomonas foetus est un protozoaire flagellé de la famille des Trichomonadidés responsable de trichomonose génitale chez les bovins et de trichomonose digestive chez les chats. Chez ces derniers, elle touche particulièrement les jeunes animaux vivant en collectivité et se traduit par une diarrhée chronique du gros intestin. Le ronidazole est à ce jour la seule molécule ayant montré une efficacité contre Tritrichomonas foetus chez le chat. En France, aucun médicament contenant du ronidazole ne possède d’AMM chez le chat. Dans ces conditions, le Service de Pharmacotechnie de l’Enva a mis au point en 2012 des gélules de ronidazole gastro résistantes qui sont préparées encore aujourd’hui de manière magistrale à la demande des vétérinaires. A la dose de 30 mg/kg par jour pendant 14 jours, ces gélules se sont montrées efficaces chez 88 % des chats traités. Les effets secondaires neurologiques liés au passage dans le sang du ronidazole n’ont pas été observé avec cette formulation. Néanmoins, la forme orale et la durée du traitement rendent l’administration de ces gélules contraignantes pour les propriétaires. Un défaut d’observance du traitement est l’une des causes favorisant la résistance du parasite à la molécule. Nous avons ainsi voulu mettre au point une nouvelle formulation de ronidazole d’action locale et agissant en une seule application. Dans cette optique, nous avons mis au point un gel colique de ronidazole en utilisant les propriétés thermoréversibles de deux poloxamères (P407 et P188) associés aux propriétés bioadhésives de l’Hydroxypropylméthylcellulose (HPMC). Une solution composée à 25 % de poloxamères et dosée à 1000 microg/kg de ronidazole, à administrer par voie intra rectale chez le chat anesthésié, a ainsi été retenue. Cette solution se présente sous forme liquide à température de conservation (4°C) et à température ambiante, permettant une administration facile à l’aide d’une seringue chez le chat. Après application, les propriétés thermoréversibles des poloxamères permettent une gélification de la solution au contact de la muqueuse colique tandis que l’HPMC permet l’adhésion et le maintien en place du gel dans le côlon. Ce gel a été administré à quatre chats ne présentant aucun signe apparent de parasitose digestive. La quantité de gel administré est calculée en fonction du poids de l’animal afin d’atteindre 30 mg/kg de ronidazole par voie intra rectale. Le dosage de la concentration plasmatique en ronidazole au cours du temps après application du gel montre une concentration maximale plasmatique moyenne (Cmax) de 5,1 ± 4,0 microg/ml, obtenue dans les 2,75 ± 2,2 heures suivant l’administration. Le temps moyen de résidence de la molécule a été calculée à 34,4 heures, soit 1,5 jours. La concentration plasmatique maximale en ronidazole obtenue est significativement inférieure (p-value = 0,0004) à celle obtenue après administration des gélules gastro résistantes (21,6 ± 4,0 microg/ml) par Grellet et al. (2015). Aucun effet secondaire notamment neurologique n’a été observé. Le gel est facilement éliminé par les animaux traités lors de la défécation. L’efficacité de cette solution de ronidazole destinée à une application locale reste à démontrer. Les premiers résultats de cette étude laissent espérer une bonne innocuité de la solution et une application unique par le vétérinaire favorisant une bonne observance du traitement.

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