La tuberculose bovine est une maladie infectieuse due à Mycobacterium bovis ou, plus rarement, à M. tuberculosis ou M. caprae. Sa contagiosité et son caractère zoonotique en font une maladie d’intérêt majeur de par son impact sanitaire et économique. La France a un long historique de lutte contre cette maladie. Depuis 1999, la gestion des foyers de tuberculose bovine repose majoritairement sur un abattage total (AT) obligatoire du troupeau. En juillet 2014, après une phase expérimentale menée sur les deux départements français les plus touchés par la tuberculose bovine menant à un ajustement des seuils d’interprétation du test de dosage de l’interféron gamma (IFNgamma) et à une standardisation du protocole, l’abattage sélectif (AS) est autorisé sur tout le territoire français, sur dérogation. Depuis, aucune évaluation du protocole d’AS n’avait été réalisée. Cette étude portait sur les élevages concernés par l’abattage sélectif en France depuis son autorisation sur tout le territoire. Les données ont été recueillies dans cinq départements (Ardennes, Côte-d’Or, Dordogne, Landes et Pyrénées-Atlantiques) entre juillet 2014 et janvier 2017 (soit 127 foyers). Les élevages concernés par l’AS (76 élevages) possédaient des cheptels de taille importante (médiane de 127 têtes) et étaient majoritairement allaitants (79 % des foyers en AS). Parmi les foyers assainis par AS, 69 % avaient été découverts lors des campagnes de prophylaxie. L’historique des élevages ne semblait pas avoir d’impact sur le choix d’un assainissement par abattage sélectif. Dans la majorité des foyers (74 %), aucun cas additionnel au(x) cas index n’a été confirmé. Sur le terrain, les délais imposés par la note de service n’étaient pas toujours respectés. L’impact sanitaire de ces écarts au protocole semblait faible voir négligeable mais les échantillons ayant servi à l’estimation de cet impact étaient de petite taille. Parmi les animaux à résultats non négatifs, 52,6 % ont été abattus. Ceux n’ayant pas été abattus étaient principalement des animaux avec un résultat négatif à l’intradermotuberculination (ID) et non conclusif à l’IFN. Tous ces animaux à résultats non négatifs et non abattus finissaient par obtenir des résultats négatifs aux contrôles suivants. L’utilisation de l’AS comme alternative à l’abattage total a permis d’épargner une grande proportion des animaux présents dans les élevages (78,9 %). Néanmoins, les durées d’APDI étaient rallongées par rapport aux durées constatées lors d’un assainissement par AT. Contrairement à ce qui avait été constaté lors de l’évaluation du protocole expérimental d’abattage sélectif (Hosteing, 2015), l’utilisation de l’IFN; semblait apporter une réelle plus-value au protocole puisque 32 % (IC95 = [20 % - 45 %]) des animaux confirmés infectés ont été détectés uniquement grâce à l’IFN. Enfin, ce protocole semble avoir une bonne acceptabilité même si certains élevages ont abandonné l’AS pour basculer en AT. Par manque de recul, le risque de résurgence dans les élevages assainis par abattage partiel n’a pas pu être estimé.