Le hérisson d’Europe est une espèce très fréquemment prise en charge dans les centres de sauvegarde de la faune sauvage en France. Les soins réalisés sur ces petits mammifères atypiques occasionnent des contacts étroits avec les soigneurs. Or, ces animaux sauvages sont souvent porteurs de maladies contagieuses et zoonotiques, au diagnostic parfois difficile. La teigne du hérisson, notamment, est une mycose cutanée courante, causée par un dermatophyte et responsable de contaminations régulières de l’Homme à travers le monde. Peu de données épidémiologiques et cliniques sont disponibles dans la littérature. Le but de ce travail était de réaliser une étude de cohorte chez 412 hérissons reçus au CEDAF en 2016, afin d’estimer le risque zoonotique auquel les soigneurs sont exposés et d’évaluer la prise en charge de la maladie au sein de centre. D’après nos résultats, Trichophyton erinacei est le seul dermatophyte significatif du hérisson, puisqu’il représente 97,9 % des souches obtenues en culture. La prévalence moyenne de la teigne chez le hérisson est de 23,3 % et sa répartition dans la population est très homogène, aussi bien en termes d’âge, de sexe, de saison et d’origine géographique. Parmi les individus infectés, 79,2 % étaient porteurs asymptomatiques du dermatophyte, ce qui rend difficile leur détection au sein du centre. Les lésions cliniques observées sont similaires à celles décrites dans la littérature, et sont caractérisées par des croûtes, des squames et de l’alopécie sur la face et le bord libre du manteau. Bien que le traitement de la teigne nécessite une hospitalisation de plusieurs mois, l’infection par le dermatophyte ne semble pas diminuer les chances de relâcher de l’animal, ce qui encourage à poursuivre les efforts entrepris. Ce travail apporte également quelques suggestions pour parfaire la gestion de cette maladie en centre de sauvegarde.