Plusieurs études ont décrit la présence d’une protéinurie comme complication de l'hypercorticisme chez le chien. Cependant, les marqueurs de la fonction rénale comme la créatinine ou la mesure du débit de filtration glomérulaire (DFG) ne reflètent pas d’insuffisance rénale chez ces chiens. Les objectifs de notre étude étaient d’évaluer, chez des chiens atteints d’hypercorticisme d’origine hypophysaire, la fonction rénale à l’aide d’un biomarqueur récemment disponible, la diméthylarginine symétrique (SDMA) et de mieux caractériser la protéinurie chez ces chiens grâce à l’électrophorèse des protéines urinaires. Dans cette étude, 38 chiens ont été inclus répartis en 3 groupes : 13 chiens atteints de la maladie de Cushing (groupe malade), 9 chiens malades non atteints de maladie de Cushing (groupe témoin) et 16 chiens sains (groupe sain). Les chiens recevant des médicaments susceptibles d'affecter la fonction rénale et les chiens atteints de diabète sucré ont été exclus. Tous les chiens ont été soumis à un examen clinique, une analyse urinaire, une électrophorèse de protéine urinaire, des mesures de la pression artérielle systolique, de RPCU (rapport protéine/créatinine urinaire) et un examen biochimique complet dont la mesure de l’urée, créatinine et SDMA. Des comparaisons ont été effectuées entre les groupes en utilisant le test de Mann-Whitney pour les variables quantitatives et le test de Fisher pour la distribution des variables qualitatives. La créatinémie était significativement plus faible chez les chiens malades que chez les chiens sains (p=0,005) mais pas chez les chiens témoins (p=0,09). Aucune différence dans les valeurs de SDMA et d’urée sériques n'a été détectée entre les groupes. La prévalence de la protéinurie était significativement plus élevée chez les chiens malades que chez les chiens sains (p = 0,01), mais étaient sans différence significative par rapport aux chiens témoins (p=0,16). 7 chiens malades sur 13, 4 chiens témoins sur 9 et aucun chien sain avaient un RPCU supérieur à 0,5. Parmi les 7 chiens malades protéinuriques, une hypertension artérielle modérée et sévère ont été révélées chez 3 et 1 chiens, respectivement. Des profils électrophorétiques anormaux ont été identifiés chez 9 chiens malades sur 13 (8 glomérulaires, 1 mixte), 4 chiens témoins sur 9 (3 glomérulaires, 1 mixte) et chez aucun chien sain suggérant une origine majoritairement glomérulaire chez les chiens protéinuriques. Ainsi, contrairement aux données disponibles sur la créatinine et le DFG, la SDMA ne semble pas modifiée chez les chiens atteints d’hypercorticisme alors que ces chiens présentent une protéinurie majoritairement d’origine glomérulaire. Une étude longitudinale est à présent requise pour suivre l’évolution de ces paramètres après traitement de l’hypercorticisme et étudier leur impact sur le pronostic.