En médecine vétérinaire, la sensibilité cornéenne a été étudiée chez le cria (le petit de l’alpaga), le veau, le poulain et l’oisillon, mais n’a jamais été étudiée, à notre connaissance, chez le chiot. Les objectifs de notre étude ont été de déterminer l’évolution avec l’âge de la valeur médiane de la sensibilité de la cornée chez le chiot Beagle, d’établir le moment d’acquisition de la sensibilité cornéenne rencontrée chez l’adulte, et d’étudier l’influence de certains facteurs de variation potentiels sur la sensibilité cornéenne. Au cours de l’année 2018, douze chiots Beagle de différentes portées ainsi que cinq mères du service de reproduction de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, sans anomalie à l’examen ophtalmologique, ont été inclus dans notre étude. La sensibilité cornéenne centrale a été mesurée grâce à un esthésiomètre de Cochet-Bonnet, chaque semaine chez les chiots Beagle entre deux et sept semaines d’âge, ainsi que sur leurs mères. Pour chaque mesure esthésiométrique, l’hygrométrie et la température de la pièce ont été consignées. Le seuil de stimulation mécanique minimal de la cornée ou corneal touch threshold (CTT) augmentait entre deux et cinq semaines, puis était relativement stable entre cinq et sept semaines d’âge chez les chiots Beagle à une valeur similaire à celle des adultes. Le CTT médian à deux semaines (0,5 g/mm²) était significativement différent du CTT médian à sept semaines (1,4 g/mm² ; p = 0,0024). Chez les chiennes Beagle, le CTT médian était égal à 1,4 g/mm². Nos tests statistiques n’ont pas mis en évidence de différence significative des mesures d’esthésiométrie cornéenne selon la température, l’humidité, et la latéralité de l’oeil mesuré. Le chiot Beagle semble avoir une sensibilité cornéenne supérieure à celle de l’adulte de deux à quatre semaines d’âge, tandis que la sensibilité cornéenne rencontrée chez l’adulte semble être atteinte dès cinq semaines d’âge.