Le premier objectif de cette étude était d’évaluer la faisabilité et la fiabilité d’une méthode standardisée d’inspection rapide des viscères pour l’identification et l’enregistrement des lésions de paratuberculose, basée quasi exclusivement sur l’inspection des NL mésentériques. Pour cela, 1057 caprins ont été observés au cours de huit sessions dans deux abattoirs différents sur une période de 4 mois, d’avril à juillet 2017. La représentativité de l’échantillon était intéressante puisque les caprins provenaient de 312 élevages de naissance localisés dans 29 départements différents. La traçabilité des viscères et le retour des résultats aux éleveurs apparaissent faisables, mais ils ont nécessité dans nos conditions d’opération un important travail, notamment pour la gestion des données et l’identification des élevages d’origine. Des contraintes liées au fonctionnement des abattoirs ont rendu nos observations parfois difficiles. Malgré cela, l’inspection en abattoir a permis d’identifier relativement facilement les lésions macroscopiques typiques de la maladie. Des analyses de laboratoire ont été réalisées sur une fraction des individus et des NL observés. Cela nous a permis de conclure que les individus estimés positifs sont bien infectés, et que parmi les présumés douteux et les négatifs, une faible proportion des caprins infectés ne sont pas détectés s’ils ne font pas l’objet d’analyses de laboratoire. Le second objectif était d’évaluer la prévalence lésionnelle de la paratuberculose en abattoir. Il a été estimé que 21,6% des caprins présentaient des lésions macroscopiques viscérales de paratuberculose. Les lésions non détectées macroscopiquement correspondent probablement à des lésions peu extensives et à des stades précoces de l’infection n’engendrant pas de répercussions cliniques. Ainsi, la prévalence lésionnelle apparente sous-estime la prévalence réelle de l’infection parmi les caprins réformés, mais elle surestime la proportion des caprins dont la réforme est due à la paratuberculose. Cette méthode pourrait donc être utilisée comme outil de dépistage ponctuel pour des troupeaux ciblés, ou comme outil d’épidémiosurveillance de la paratuberculose à l’échelle de la filière. Il serait intéressant de mesurer l’évolution de la prévalence suite à la mise en place de plans de lutte et de la vaccination depuis l’autorisation en 2010 d’importation du vaccin Gudair®.