La production française de lait fonctionne principalement sur un système de traite mécanique biquotidienne assez astreignante pour les éleveurs. En 1992 est commercialisé aux Pays-Bas le premier système de traite automatisée, dit robot de traite. Nouvelle technologie, elle ne prend son essor qu'au début de XXIe siècle et connait désormais une croissance exponentielle. Aujourd'hui en France, une rénovation de salle de traite sur deux se fait avec l'installation d'un robot de traite qui permet une plus grande souplesse des horaires de travail. Cependant, le robot de traite est à l'origine de mutations importantes de l'organisation du travail et de la conduite des animaux, pouvant aussi modifier la production laitière. Un défaut d’adaptation à ce nouveau système peut incontestablement dégrader la situation d’un élevage à la fois dans le domaine de la production et de la santé du troupeau. La période clef pour le bon fonctionnement de l’élevage sous système de traite automatisée est la période de transition entre les systèmes de traite qui demande beaucoup d'investissement de la part de l'éleveur et des acteurs qui lui fournissent des conseils sur la conduite et la santé de son élevage. L’objectif de cette thèse a été de récolter, auprès des éleveurs français, leurs perceptions du robot de traite, les motivations ou réticences à son installation, les difficultés rencontrées lors de l’utilisation d’un système de traite automatisée, l'accompagnement existant et l'accompagnement désiré, ainsi que les effets de la traite automatisée sur leur santé et vie privée. Nous avons diffusé une enquête en ligne auprès de 14 979 éleveurs bovins laitiers français. Un total de 164 éleveurs nous ont répondu. Ils ont été séparés en trois groupes : ceux qui ont un robot de traite (RR, n = 65), ceux qui sont en transition au robot de traite (TR, n = 4) et ceux qui n'ont pas de robot de traite (0R, n = 95). Dans le Groupe 0 la motivation principale à l'achat était l'amélioration de l'organisation et des conditions de travail et la réticence principale était liée aux finances. Les difficultés principales rencontrées par les éleveurs du Groupe RR suite à l'installation du robot étaient les finances, l'habituation des animaux au robot de traite et l'augmentation de la prévalence des boiteries et des mammites cliniques, ainsi que l'augmentation du taux cellulaire du lait et l'adaptation des vaches au robot. Le vétérinaire était peu présent lors de la transition mais était l'objet d'une demande de participation accrue. Enfin, dans le volet social de l'enquête, une nette amélioration du bien-être perçu par les éleveurs du Groupe RR a été relevée, même si les éleveurs français demeurent moins optimistes que leurs confrères d’autres pays européens sur ce sujet. En conclusion, pour les éleveurs français, le robot de traite ne représente pas forcément l'avenir de la profession mais est un outil de travail et de confort qui améliore leur condition de vie. La période de transition au STA est souvent sous-estimée par les éleveurs. Le vétérinaire est aujourd'hui peu présent lors de la transition au système de traite automatisée alors qu'il existe une réelle nécessité d'intervention et une demande d'accompagnement de la part des éleveurs.