Achille Urbain (1884-1957), de la gloire à l’oubli : un vétérinaire pasteurien au Muséum national d’Histoire naturelle (Vol.I - Texte et Vol.II - Annexes) :
D'origine modeste, Achille Joseph Urbain (1884-1957) devient vétérinaire militaire en 1906. Il soutient une thèse de botanique en 1920, puis travaille à l'Institut Pasteur de Paris dans le laboratoire de Besredka. En 1931, Urbain entre au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris où il devient, en 1934, le premier titulaire de la chaire d' « Éthologie des animaux sauvages ». Cofondateur du Parc zoologique de Vincennes et préoccupé de protection de la nature dans un cadre national et international, le savant remplit les fonctions de directeur du Muséum de 1942 à 1949. Notre problématique consiste à élucider les mécanismes d'acquisition de sa popularité auprès des scientifiques et du grand public, puis de sa chute dans l'oubli. L'analyse des travaux scientifiques qu'Urbain réalise avec plus de 80 collaborateurs - vétérinaires, pastoriens, médecins des hôpitaux, pharmaciens, zoologistes -, montre que le savant s'est d'abord fait connaître par ses travaux d'immunologie appliquée. Cependant, la qualité de ses travaux scientifiques n'a pas été le seul modus operandi de sa célébrité. Celle-ci s'est construite grâce à la mise en oeuvre de différents réseaux - scientifiques, politiques, médiatiques, mondains -, jusqu'à l'accession d'Urbain à l'Académie nationale de Médecine (1941) et au poste de directeur du Muséum (1942). La fonction de directeur du Parc zoologique de Vincennes et ses voyages - largement médiatisés - dans l'Empire colonial français, expliquent la notoriété d'Urbain auprès du grand public. Quelques éléments permettent d'expliquer pourquoi le savant est aujourd'hui tombé dans l'oubli. Cette absence de notoriété actuelle tient en premier lieu à ses travaux scientifiques sans grande originalité, mais aussi à un moindre degré à la subversion des thèmes scientifiques liés à sa chaire professorale. Il faut aussi chercher du côté de la caution morale qu'Urbain donne finalement aux pratiques coloniales de l'époque. À ses différents facteurs, il faut sans doute ajouter un désintérêt général pour l'histoire naturelle dans les années 1960, des problèmes financiers qui empêchent le Muséum d'investir dans la rénovation du Zoo de Vincennes et une prévention nouvelle du public vis-à-vis de la captivité animale