La rage, zoonose dont l’issue est quasiment toujours fatale, est responsable selon l’Organisation Mondiale de la Santé d’environ 59 000 décès par an (valeur sous-estimée). Bien que la rage à réservoir canin ait été éliminée d’Europe (sauf en Turquie) durant le XXème siècle, elle y persiste sous sa forme selvatique, après avoir diffusé dès 1935 à partir de la frontière russo-polonaise dans toute l’Europe (pays insulaires exclus). Le renard roux et le chien viverrin sont les principales espèces réservoirs de la rage à virus RABV en Europe. A quelques exceptions près, seul l’avènement de la vaccination orale contre la rage (VOR), initiée par la Suisse en 1978, et suivie par divers pays européens comme la France (1986), a permis son recul. Cependant, malgré cette VOR cofinancée par la Commission Européenne (CE) depuis 1989, elle est toujours présente dans certains pays à l’est de l’Union Européenne (UE). Ce travail, dans le contexte de l’objectif « Zero by 2020 », visait à étudier les spécificités de la VOR des carnivores sauvages dans chaque pays européen l’ayant mise en place et à les associer au statut vis-à-vis de la rage des mammifères non volants. En 2019, 12 pays membres de l’UE sont indemnes grâce à la VOR et neuf d’entre eux ont pu l’arrêter. Pour les trois autres, la pression infectieuse aux frontières impose le maintien d’une barrière vaccinale. L’absence de cas depuis au moins deux ans est une condition nécessaire mais non suffisante à l’obtention du statut indemne. C’est pourquoi quatre pays membres ne l’ont pas obtenu, par défaut de surveillance ou par absence de dépôt de dossier à l’Organisation Mondiale de la Santé Animale. De plus, les risques frontaliers, la réduction prématurée de la zone vaccinale ou encore le non-respect des programmes annoncés, expliquent que quatre autres pays membres soient toujours (faiblement) infectés de rage selvatique. Cela laisse donc présager que l’objectif de la CE visant à éliminer la rage selvatique de l’UE d’ici 2020 peut être atteint.