À Mayotte, île située dans le canal du Mozambique au climat tropical, les cheptels bovins, constitués de zébus ou de vaches exotiques, sont globalement indemnes des principales affections rencontrées en métropole. D’après les vétérinaires, les affections majoritaires concernent les maladies dermatologiques. La présente étude s’est intéressée à la dermatophilose, maladie bactérienne due à Dermatophilus congolensis, qui se manifeste par la formation de croûtes sur le corps des bovins. La présence de la tique Amblyomma variegatum constitue un facteur d’aggravation de la dermatophilose vers une affection généralisée. Les protocoles de traitement à partir d’antibiotiques tels que l’oxytétracycline ou l’association pénicilline dihydrostreptomicine, associés à des bains d’hibitane, se sont révélés globalement efficaces. Toutefois, cette étude a permis de mettre en évidence qu’il existait un nombre important de faux diagnostics, amenant de fait à des échecs thérapeutiques. La majorité des faux diagnostics de dermatophilose concernaient des bovins en réalité atteints de démodécie, maladie parasitaire due à un acarien, Demodex bovis, qui se manifeste par la formation de nodules et de pustules essentiellement localisés sur la partie antérieure des animaux ainsi que par des épaississements du cuir de l’animal. Cette maladie nécessite quant à elle un traitement long pour obtenir une rémission des animaux, à base d’ivermectine ou d’amitraze. Cette étude a ainsi permis d’améliorer les connaissances des vétérinaires mahorais vis-à-vis de ces deux maladies et de renforcer leur utilisation des examens complémentaires pour parfaire leur diagnostic. Des campagnes de sensibilisation auprès des éleveurs ont été mises en place à l’aide de poster, de vidéo, ou de partage d’expérience. Des études plus poussées concernant l’efficacité thérapeutique pourraient être conduites, afin d’affiner les premiers résultats obtenus. En effet, dans la présente étude, l’efficacité des traitements a été estimée lorsque ceux-ci étaient correctement appliqués. Cependant, il a été observé que certains éleveurs abandonnaient le traitement au cours de celui-ci, ce qui pourrait laisser penser que l’observance et l’efficacité du traitement pourraient être inférieures à celles estimées dans la présente étude lorsque l’accompagnement des éleveurs est moindre.