La dyspepsie fonctionnelle est un trouble gastro-intestinal fonctionnel fréquent chez l’Homme se définissant par la présence d’au moins un symptôme supposé provenir de la région gastroduodénale (distension postprandiale, satiété précoce, douleur épigastrique, brûlure épigastrique) et par l’absence de signe d’une maladie structurelle susceptible d’expliquer ces symptômes. Nous souhaitions évaluer l’hypothèse de l’existence d’un trouble gastro-intestinal fonctionnel similaire chez le chien. L’objectif de ce travail était ainsi de décrire un groupe de huit chiens présentés au Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire d’Alfort entre 2014 et 2019 pour des troubles digestifs chroniques (vomissements, nausées, pica…) et chez lesquels aucune affection responsable de tels signes cliniques n’a pu être mise en évidence malgré une exploration exhaustive. L’âge médian de ces chiens était de 4,8 ans. La durée d’évolution médiane des signes cliniques était de 46 mois. Les principaux signes cliniques étaient : vomissements (n = 7), pica (n =4), nausées (n = 4), anxiété (n = 3) et palpation abdominale tendue (n = 4). La prise en charge thérapeutique de ces animaux était hétérogène : anti-sécrétoires gastriques (n = 6), corticostéroïde (n = 6), pansement digestif (n = 5), antibiothérapie (n = 4), prokinétique (n = 4), changement alimentaire vers une alimentation plus digestible et moins allergisante (n = 8), gastroduodénostomie (n = 1). Les huit chiens ont montré une persistance de leurs signes cliniques au cours du suivi (réalisé jusqu’en juin 2019 pour notre étude) malgré une amélioration franche chez cinq d’entre eux. Ainsi, l’absence de diagnostic d’une affection possiblement responsable de ces troubles digestifs nous a permis de suspecter l’existence d’un trouble fonctionnel gastrointestinal proche de celui de la dyspepsie chez l’Homme. Ce travail présente toutefois certaines limites (nombre de cas faible, caractère rétrospectif, biais de sélection, absence d’homogénéité dans la réalisation des examens complémentaires). Cependant, il a permis de s’interroger et de renforcer l’hypothèse de l’existence d’un syndrome dyspeptique chez le chien. D’autres études seront nécessaires afin de confirmer la présence d’un tel trouble chez le chien.