La médecine vétérinaire rurale est réputée contraignante : médecine de terrain, « sportive », souvent urgentiste, à destination d’animaux de rente et non pas de loisir, soumise à la concurrence d’autres intervenants en élevage et avec comme principal interlocuteur des professionnels exigeants. La place d’une femme vétérinaire dans ce milieu est parfois discutée. Le monde rural est également en profonde mutation : la mondialisation appelle à de meilleures performances et à une limitation des coûts de production pour plus de compétitivité, les éleveurs sont de plus en plus techniques, les enjeux sociétaux poussent vers une refonte de nos modes de production. En s’appuyant sur des recherches bibliographiques et sur les résultats d’un questionnaire distribué aux étudiants vétérinaires sur leurs expériences en stage, cette thèse dresse un état des lieux du monde rural (du point de vue des vétérinaires et des éleveurs), démystifie l’image négative que porte la « rurale » et propose des solutions concrètes pour répondre aux nouveaux enjeux de la profession. En effet, le vétérinaire peut tout à fait effectuer un travail de qualité et maintenir un rythme de vie agréable par l’acquisition d’un équipement adapté et par une bonne organisation. De plus, même s’il s’agit d’animaux de production, la médecine peut y être pointue et les sentiments restent présents. La médecine vétérinaire rurale est également loin de se résumer à des visites « urgences » et peut être aussi diversifiée qu’en médecine des animaux de compagnie si le vétérinaire s’y investit. Enfin, l’éleveur peut être un professionnel moderne, véritable co-équipier du vétérinaire pour qui sait bâtir de bonnes relations socio-professionnelles. Ensuite, le praticien rural doit accompagner sa clientèle et s’adapter à ce nouveau contexte socio-économique qui bouleverse aussi bien son quotidien que celui de l’éleveur. Réaliser des suivis et des formations, utiliser les nouvelles technologies et adopter une démarche marketing pour proposer ses services, mieux valoriser son savoir et se « sevrer » progressivement de la dépendance à la vente de médicaments, se réunir avec d’autres cliniciens et/ou structure et former des réseaux, repenser la relation à l’éleveur et envisager éventuellement un système en convention sont autant de pistes pour devenir le vétérinaire rural du XXIe siècle.