Le mode de pensée médiévale bénéficie d’une part des héritages barbares, notamment celtes et germaniques, et d’autre part des influences de la christianisation qui s’étend à partir du VIIIe siècle. Pour les peuples barbares, l’ours est le roi des animaux, voire une divinité. En outre, ils le considèrent comme un ancêtre de l’homme, un symbole de vigueur sexuelle, de force guerrière et de souveraineté. L’Eglise médiévale doit abolir ces cultes ursins pour asseoir son pouvoir sur les peuples convertis. Pour cela, elle met en œuvre une lutte contre l’ours en s’appuyant sur cinq méthodes : l’éliminer, le domestiquer, le diaboliser, le ridiculiser, et le remplacer par d’autres animaux qu’elle peut plus facilement maîtriser. Cette lutte difficile, qui dure près de six siècles, est achevée au tournant des XIIe et XIIIe siècles. Néanmoins, des témoignages de la grandeur de l’ours se retrouvent encore aux XIVe et XVe siècles. Ceci souligne le statut de l’animal, qui conserve encore aujourd’hui une place particulière dans l’imaginaire collectif.