Un lapin bélier mâle de cinq ans est présenté en consultation pour une masse présente dans l’angle interne de l’œil gauche, apparue six mois auparavant et n’évoluant pas. À l’issue de l’examen ophtalmologique, un diagnostic présomptif de luxation de la glande de Harder est établi. Une chirurgie conservatrice est mise en œuvre ; celle-ci consiste en une technique d’enfouissement de la glande, adaptée de celle décrite par Morgan pour la luxation de la glande nictitante chez le chien. L’examen histologique d’une biopsie peropératoire de la masse confirme la nature glandulaire lacrymale et met évidence une hypertrophie du tissu glandulaire, sans signe de malignité, confirmant ainsi le diagnostic de luxation de la glande de Harder. L’originalité de ce cas repose d’une part sur l’âge atypique du lapin présenté, dans la mesure où cette affection, encore très peu documentée, n’est décrite que chez de jeunes individus. D’autre part, ce cas illustre la possibilité d’adapter facilement la technique d’enfouissement décrite par Morgan à la luxation de la glande de Harder chez le lapin. Enfin, une technique chirurgicale conservatrice pour la glande, comme la technique d’enfouissement décrite, semble préférable à l’exérèse de celle-ci pour deux raisons ; d’une part, l’importance de la glande de Harder dans la sécrétion lacrymale chez le lapin n’a pas encore été parfaitement évaluée ; d’autre part, la présence d’un sinus veineux proéminent situé à la base de la membrane nictitante rend l’exérèse de la glande de Harder potentiellement très risquée.