De 2009 à 2016, quatre cas de cestodose larvaire ont été rapportés chez des primates non humains (PNH) hébergés au Centre de Primatologie de Strasbourg (CdP) et appartenant à trois espèces différentes : Macaca fascicularis, Macaca tonkeana, Eulemur macaco. Trois d’entre eux présentaient des signes cliniques (masse abdominale, épanchement abdominal ou paraplégie) tandis que le dernier cas est une découverte d’autopsie. Les espèces de cestodes identifiées étaient Echinococcus multilocularis (n=2) et Taenia martis (n=2). Les carnivores sauvages d’Alsace tels que le renard (Vulpes vulpes) et la martre (Martes martes) sont les hôtes définitifs habituels de ces parasites. Les PNH peuvent devenir des hôtes intermédiaires accidentels après ingestion d’éléments contaminés par des selles de carnivores. La topographie du CdP permet un contact plus ou moins direct entre les carnivores sauvages et les PNH en fonction de leur hébergement. La présente étude avait pour objectif de déterminer la prévalence de l’infestation par des cestodes chez les primates hébergés au CdP et chez les carnivores sauvages et rongeurs au contact des primates. Un total de 138 selles de carnivores a été collecté au sein du CdP et de la forêt avoisinante. Douze cadavres de rongeurs ont été récupérés au sein du CdP. Des analyses PCR ont montré la présence d’Echinococcus multilocularis dans 3 tissus de rongeurs et 20 selles de carnivores : tous les échantillons positifs ont été confirmés par séquençage. Un total de 89 sérums de PNH a été analysé et a montré la séroconversion de 13 individus dont aucun ne présentait de signes cliniques. En conclusion, les cestodes sont présents dans l’environnement du CdP et la contamination des PNH est avérée. Des stratégies de prévention pour les PNH sont discutées.