Bien qu’elles imposent un temps de blocage de six semaines en cas de suspicion, les intradermotuberculinations constituent encore le seul test reconnu règlementairement dans le cadre du dépistage de la tuberculose bovine en élevage. En 2013, la DGAl a lancé un protocole expérimental d’évaluation de l’interféron gamma afin de d’estimer les caractéristiques intrinsèques de ce test et ses capacités à remplacer l’intradermotuberculination de recontrôle. Pour ce faire, deux schémas de gestion des suspicions de tuberculose bovine en élevage sont comparés. Le premier associe en série deux intradermotuberculinations espacées de six semaines, c’est le schéma règlementaire. Le second associe une intradermotuberculination non-négative à un test de dosage de l’interféron gamma réalisé dans les jours qui suivent, c’est le schéma à l’essai qui éviterait la période de blocage. L’analyse statistique des données collectées sur échantillons appariés au niveau national durant la campagne de prophylaxie 2013-2014 établit que la sensibilité du protocole associant en série une intradermotuberculination non-négative et un test IFNγ réalisé entre 3 et 8 jours (95 % [74 % ; 100 %]IC 95%) est significativement supérieure à celle du protocole associant en série deux intradermotuberculinations effectuées à six semaines d’intervalle (53 % [29 % ; 76 %]IC 95%). En revanche, l’estimation de la spécificité du protocole associant en série deux intradermotuberculinations (98,7 % [97,2 % ; 99,6 %]IC 95%) est plus élevée que celle du protocole à l’essai utilisant le test IFNγ (96,1 % [93,8 % ; 97,8 %]IC 95%). Dans une visée intégrative et globale du sujet, une enquête sociologique reposant sur des entretiens semi-directifs a été menée dans les Ardennes. Elle analyse l’acceptation de cette expérimentation au niveau local. La suppression du blocage de six semaines en cas de suspicion représente un réel enjeu pour les acteurs du sanitaire. Toutefois, les conséquences de l’intégration au protocole se révèlent trop lourdes pour que les éleveurs renouvellent leur participation ou bien que les vétérinaires sanitaires soutiennent le dispositif. D’un point de vue stratégique, les intérêts des parties prenantes constituent le point clé à privilégier pour pérenniser au moins quelques années l’expérimentation. Des éléments de recommandation sont présentés afin d’aiguiller le gestionnaire dans la révision de ce dispositif sanitaire expérimental.