L'aspergillose est une mycose opportuniste redoutable qui peut être observée chez un très grand nombre d'hôtes vertébrés. Les oiseaux semblent beaucoup plus sensibles que les mammifères.
Etant donné les caractéristiques anatomiques et physiologiques uniques que présentent les oiseaux, il est indispensable de mettre en place des modèles aviaires d'aspergillose afin de mieux comprendre les divers aspects de la physiopathologie de la maladie dans ces espèces.
Le but de ce travail fût d'étudier les stades précoces du développement de l'infection aspergillaire chez des poussins (Gallus gallus).
L'intérêt des techniques d'imagerie dynamiques est maintenant reconnu dans le cadre du suivi in situ de divers processus biologiques chez les animaux de petite taille. Ainsi, nous avons infecté poussins par injection intra sac aérien de 10 conidies d'A. fumigatus génétiquement modifiée pour exprimer la protéine fluorescente rouge DsRed. Cette technique nous a permis de suivre in situ la croissance du champignon ainsi que l'extension des lésions pulmonaires pendant 4 jours. Nous avons examiné des animaux euthanasiés 87, 63,39, 15,3 heures et moins de cinq minutes après inoculation.
Parallèlement, nous avons utilisé deux autres souches d'A. fumigatus - la souche de référence CB S 144-89 et la souche ATCC 1373 (génétiquement différente de la première) modifiée pour exprimer la GFP-dans le cadre de l'étude d'une infection répétée et d'une co-infection. Nous avons constitué 2 lots de 20 poussins de 5 jours inoculés avec 10' conidies d'A. fumigatus CB S 144-89, suivi 3 jours plus tard d'une inoculation par la même quantité de CB S 144-89 pour un lot et de GFP pour l'autre lot. Trois lots témoins ont été inoculé avec du PB S,la souche de référence ou la souche GFP suivi 3 jours plus tard par une nouvelle injection de PB S. A J1, J3, J4, J6, J9 et J12,trois à quatre poussins de chaque lot furent sacrifiés et autopsiés. Les poumons et les sacs aériens gauches ont servi pour une analyse mycologique et histologique. Nous avons suivi l'évolution du taux de galactomannane sérique grâce au kit Plateliâ Aspergillus.
Le suivi des signes cliniques, des lésions macroscopiques et microscopiques et des cultures mycologiques a montré que les oiseaux inoculés présentent une infection sévère de J1 à J6, mais qu'ils sont capables d'éliminer l'agent pathogène à partir de J9. Les poussins ayant reçu deux doses de conidies ne présentent pas de signes plus marqués de l'infection mais ceux-ci persistent toutefois plus longtemps (jusqu'à J12).