Une étude sur l'ichtyosarcotoxisme de type ciguatera a été menée aux Antilles autour de trois îles: Saint - Barthélémy, Saint-Martin et Anguilla pendant les années 1985 et 1986. Une mise au point sur la ciguatera a été réalisée à cette occasion. Une enquête épidémiologigue a montré l'incidence importante, non saisonnière, des intoxications humaines à Saint - Barthélémy et Saint - Martin. Malgré la difficulté à répertorier les cas, le taux de morbidité peut être estimé selon les années de 7 à 30 pour mille habitants. Les personnes les plus touchées sont les résidents des îles, notamment les pêcheurs et leurs familles, mais des cas d'intoxications (souvent collectives) de personnes de passage ne sont pas rares. On retrouve dans la fréquence des symptômes signalés la description clinique d'autres études. Néanmoins le prurit, les dysesthésies des extrémités, les signes oculaires semblent particulièrement fréquents. Les cas d'intoxications multiples et les formes graves ne sont pas rares. Une étude icthyologique a été réalisée à partir de campagnes de pêche (nasses, filets, palangres) sur des stations caractéristiques des différents faciès du plateau des trois îles. L'identification des espèces réputées toxiques a pu être réalisée après avoir établi une liste des noms vernaculaires. Il est apparu que certaines espèces toxiques sont délicates à identifier, facilement confondues, et à l'origine d'intoxications. Une clé d'identification des principales espèces de poissons éventuellement ciguatoxiques rencontrés sur la zone complète cet aspect. La toxicité des poissons testés individuellement (176) ou par lots (17) a été évaluée par test-moustique. Ainsi 46 espèces correspondant à 19 familles ont été analysées. Les résultats, associés à une enquête sur les intoxications, permettent de les regrouper en : Espèces à risque important: Caranx bartholomaei, C .lugubris, Seriola dumerili, Lutjanus apodus, L.jocu, Pristipomoides macrophtal;rws, Gymnothora.x junebris, G.moringa, Scomberomorus cavalla, S.regalis, Mycteroperca venenosa, M.tigris, Epinephelus morio, Sphyraena barracuda. Espèces à risque moyen: Caranx latus, C.ruber, Lachnolaimus maximus, Lujanus analis, L. buccanella, L.griseus, Malacanthus plumieri, Scomberomorus maculatus. Espèces à risque faible: Balistes vetula, Alectis ciliaris, Haemulon album, Bodianus rufus, Halichoeres radiatus, Priacanthus arenatus, Alphestes afer. Les résultats des analyses toxicologiques montrent: le grand nombre d'espèces impliquées dans le processus de la ciguatera, la toxicité de nouvelles espèces, la difficulté de préciser une taille de seuil toxique, la présence sur tout le plateau de poissons toxiques. Une cartographie des 1ones les plus dangereuses a été établie à partir des résultats, aucun lieu du plateau ne paraît être exempt de ciguatera. Une recherche de G,toxicus, agent étiologique, (1093 lectures) sur recouvrements coralliens (236 échantillons) ct sur panneaux capteurs d'algues a été mise en oeuvre autour de Saint - Barthélémy ct Saint-Martin (41 stations). G.toxicus est retrouvé dans la plupart des stations en populations faibles à moyennes. Les valeurs sur panneaux collecteurs d'algues correspondent à ce qui est trouvé sur madrépores. Il n'y a pas de distinction nette entre le nord et le sud des îles mais il existe une variation saisonnière avec une population d'algues maximale au printemps. La comparaison morphologique avec G. toxicus provenant de Polynésie Française ne permet de noter aucune différence si ce n'est une taille légèrement inférieure (conditions de milieu moins favorables). Une identification des principales algues constituant les gazons algaux des panneaux capteurs a été réalisée. Ces algues interviennent dans le régime alimentaire des poissons herbivores. Une confrontation en culture avec une série d'espèces d'algues indique que G.toxicus est attiré par la structure des algues. Le rôle de ces algues ainsi que d'autres dinophycées toxinogènes rencontrées sur la zone est discuté. Une analyse des facteurs d'environnement montre que la zone est soumise à des perturbations climatologiques saisonnières, dont le maximum correspond au minimum d'algues toxiques recueillies. Cependant ces perturbations, associées aux phénomènes cycloniques qui passent fréquemment à proximité, sont à l'origine du maintien d'une population d'algues toxiques qui suffit à expliquer la biogénèse ciguatérique sur la zone. Un modèle épidémiologique de la ciguatera sur la zone est proposé. -- Thèse de doctorat : Sciences de la vie : Paris 11 : 1988
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