La lutte contre les trypanosomoses est une priorité sur le continent africain où elles ont de graves conséquences économiques. Le contrôle des populations de glossines ou mouches tsétsé, principal vecteur en Afrique, en est un des premiers volets. De nombreuses techniques de lutte antivectorielle ont été mises au point. Elles s'appuient sur les connaissances que l'on a de la biologie des glossines. Les I.G.R., (Insect Growth Regulators), en particulier, sont des molécules qui perturbent les mécanismes hormonaux de croissance des larves. L'un d'entre eux, le triflumuron, un inhibiteur de la synthèse de chitine, offre ainsi des perspectives intéressantes. Cependant, il est soupçonné interférer avec les mécanismes d'installation et de maturation de l'infection trypanosomienne dans la mouche en inhibant les lectines. Ces molécules intestinales limitent l'infection des mouches non ténérales1 en agglutinant les trypanosomes ingérés. Paradoxalement, les lectines favorisent la maturation des infections déjà installées. Leur inhibition par le triflumuron pourrait améliorer la réceptivité à l'infection de mouches non ténérales mais limiter la maturation des infections. Une étude mise en place au CIRDES (Centre International de Recherche pour le Développement de l'Elevage en zone Subhumide, Bobo Dioulasso, Burkina Faso) visait à comparer les taux d'infection à Trypanosoma congolense de glossines traitées ou non au triflumuron chez Glossina palpalis gambiensis et G. tachinoides. Pour cela, des lots de mouches à des stades nutritionnels différents (0, 1 et 2 repas avant le repas infectant) ont été sélectionnés puis alimentés sur un bovin infecté au pic de parasitémie. Les taux d'infection des différents lots ont été calculés après dissection et recherche des parasites dans le proboscis et l'intestin moyen, 31 jours après l'inoculation. Les résultats confirment les différentes hypothèses avancées : Le triflumuron favorise l'installation des infections immatures mais il limite bien la maturation de ces dernières. 1 Le terme ténérale désigne une jeune mouche qui ne s'est encore jamais alimentée