Le vétérinaire praticien a un devoir moral envers l’animal, son patient, et un devoir moral envers le propriétaire, son client. Dans la plupart des situations, ces deux devoirs moraux coïncident. Mais il arrive également que ces devoirs ne se rejoignent pas. Le vétérinaire se retrouve alors dans une position délicate, devant faire face à des dilemmes moraux. De nombreux contextes peuvent devenir la source de conflits moraux au quotidien et être à l’origine d’un mal-être moral chez les vétérinaires. Les objectifs de cette enquête qualitative étaient de recueillir auprès de vétérinaires des témoignages de situations qu’ils estimaient être des dilemmes entre leur devoir moral envers l’animal et leur devoir moral envers le client, en leur demandant de raconter comment se sont déroulées ces situations, ce qu’ils ont ressenti, comment ils y ont fait face et l’impact que cela a eu sur leur moral. Des entretiens oraux auprès de six vétérinaires aux profils variés (femme ou homme, temps de carrière plus ou moins long, clientèle canine pure ou mixte) ont permis de mettre en évidence qu’il existe de nombreuses sources de dilemmes moraux en pratique vétérinaire canine, notamment lorsqu’il est question de l’euthanasie ou des problèmes financiers, mais également des animaux agressifs, du secret professionnel, des soins médicaux lourds, des mutilations… Il apparaît également que tous les vétérinaires n’ont pas la même sensibilité face aux dilemmes moraux qu’ils rencontrent puisque certains vivent aisément ces situations difficiles, tandis que d’autres peuvent être beaucoup plus touchés émotionnellement.