La multiplication d’échecs thérapeutiques, induite par l’utilisation massive des antibiotiques depuis les années 40, a conduit les scientifiques à étudier de façon plus précise les antibiorésistances, et à promouvoir leur surveillance. L’augmentation des déplacements et des flux de marchandises, la promiscuité entre l’Homme et l’animal ainsi que le partage de leur arsenal thérapeutique, ont provoqué l’émergence progressive de plans de lutte à l’échelle mondiale communs aux deux médecines, dans l’esprit « One World, One Health ». C’est ainsi qu’en France, les plans ÉcoAntibio, la Loi d’avenir ainsi que notamment un arrêté définissant les antibiotiques critiques ont vu le jour depuis 2006. Ces mesures ont eu un impact autant sur la consommation d’antibiotiques que sur l’exposition des animaux, et a provoqué une baisse globale de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries isolées des animaux. Cependant, ces mesures de lutte sont sujettes à controverses pour plusieurs raisons. Les données actuelles de la science ne sont pas toujours suffisantes pour légitimer certaines mesures. L’équilibre entre les santés humaine et animale est au coeur des discussions sur la réglementation de certains antibiotiques pourtant garants de la santé en élevage. De plus l’usage des antibiotiques revêt un important enjeu économique, ce qui rend également plus difficile de légiférer sur ce sujet.