L'objectif de cette étude était de déterminer si la forte digestibilité ruminale des variétés pâturées par les vaches laitières sous nos climats ne pouvait pas être un frein à leur ingestion. Deux essais ont été conduits sur respectivement 4 et 5 vaches laitières Prim'Holstein nourries à l'auge, à volonté, avec du ray-grass anglais frais et selon des carrés latin 4x4, un traitement étant répété sur 2 vaches pour l'essai 2. L'essai 1 avait pour objectif de quantifier l'effet rassasiant du propionate absorbé dans le rumen par rapport à celui du glucose absorbé dans l'intestin sur de l'herbe verte très digestible. Il a consisté à perfuser, à même volume et même osmolarité, 1,25 ou 0,65 kg de propionate dans le rumen, ou 1,5 kg de glucose dans le duodénum ou des solutions témoins isotoniques d'eau et de sels. Tous les traitements ont consisté en une perfusion dans le rumen et une dans le duodénum, une solution témoin étant perfusée quand le traitement ne nécessitait pas de perfusion de propionate ou de glucose. Les quantités de matière sèche ingérées (MSI) ont été en moyenne de 16,2 kg/j. Les perfusions de nutriments énergétiques ont diminué la MSI de 0,7 kg/j mais la nature du nutriment perfusé n'a pas eu d'effet significatif. L'essai 2 avait pour objectif de déterminer l'impact de la dynamique d'absorption du propionate sur son effet rassasiant. Il a consisté à comparer de façon factorielle des perfusions ruminales de 1 kg de propionate par rapport à des solutions témoins isotoniques, croisées avec 2 débits de perfusions, un rapide sur 6 h et un lent sur 18 h. La MSI moyenne a été de 17,2 kg/j, elle a diminué avec les perfusions de propionate par rapport au témoin mais de manière plus importante sur les perfusions rapides (-2,2 kg/j sur les perfusions 6 h et -0,7 kg /j sur les perfusions 18 h). Sur les 2 essais, la baisse d'ingestion en réponse aux perfusions de propionate a été assez faible du fait vraisemblablement de la faible vitesse d'ingestion des vaches sur un régime herbe. Il apparaît que la forte digestibilité ruminale des variétés pâturées par les vaches laitières est peu susceptible d'expliquer leur plus faible ingestion par rapport à des rations complètes contenant du glucose by-pass.