Le piégeage photographique est une technique d’observation non invasive permettant d’étudier un animal dans son milieu naturel. Cette méthode a connu un développement rapide et ne cesse d’évoluer. Elle permet de répondre à une grande diversité de questions biologiques sur le comportement animal et la dynamique spatio-temporelle des espèces. Les difficultés rencontrées lors de son utilisation sur le terrain et lors de la récolte et l’analyse des données indiquent que des améliorations sont encore à venir. Nous avons employé cette méthode pour une étude de terrain dont l’objectif était d’estimer la fréquentation des zones de défécation communes (crottiers) par les chats de ferme et ses variations selon la saison, les caractéristiques individuelles (âge, sexe) et les caractéristiques des lieux observés (distance au point d’alimentation notamment). Cette étude fait partie d’un projet plus vaste destiné à analyser le risque de contamination du sol par les oocystes de Toxoplasma gondii. Ce travail s’est déroulé dans 4 exploitations agricoles des Ardennes dont les crottiers ont été suivis durant une année à raison de 4 à 13 pièges photographiques par ferme. Grâce à ces installations, nous avons récoltés 41282 séquences, dont 29698 exploitables. Une partie des vidéos (8900) ne contenait aucune observation, les autres ont permis d’observer 4262 visites et 459 actes de défécation. Les fréquences de visites et de défécations ont été analysées à l’aide de modèles linéaires généralisés mixtes. D’après nos résultats, celles-ci ne sont pas influencées par la saison mais varient en fonction des caractéristiques individuelles et des caractéristiques des crottiers. Les sites distants de moins de 20 mètres des points d’alimentation sont particulièrement fréquentés et utilisés pour la défécation. Ces résultats permettent d'émettre l’hypothèse que ces sites sont plus à risque d’être contaminés et ouvrent des perspectives de gestion du risque de contamination des sols dans les fermes.