La colibacillose est la pathologie bactérienne la plus répandue au monde dans la filière poulet de chair. Considérée comme la cause infectieuse majeure de retraits à l'abattoir en Europe, son impact économique est important pour toute la filière avicole. Cependant, peu de données sont disponibles en France à ce jour. Cette étude est un premier essai pour décrire, évaluer et quantifier l'impact de la colibacillose et des traitements antibiotiques sur la qualité de carcasse à l'abattoir, via l'analyse rétrospective de données d'abattage et de fiches d'information sur la chaîne alimentaire (ICA) de juillet 2017 à juin 2018 sur quatre abattoirs bretons (France). Les lots ont été répartis en trois groupes : « colibacillose précoce » lors d'une atteinte dans les dix premiers jours d'élevage, « colibacillose tardive » lors d'une atteinte dans les quinze derniers jours d'élevage et « lot n'ayant pas connu d'épisode de colibacillose ». Pour chaque lot « mâle » ou « femelle », les données des différents jours d'abattage ont été moyennées. La présence d'autres affections pathologiques ainsi que les traitements associés ont été pris en compte dans l'étude. Les moyennes des moindres carrés des données d'abattage ont été comparées entre les trois groupes, à partir de modèles mixtes linéaires selon les degrés de liberté de Kenward Roger. Le seuil de significativité de la p-value a été fixé à 0,1. Sur l'ensemble des 9713 lots collectés, la prévalence annuelle de colibacillose chez les poulets de chair standards en Bretagne est de 22 % chez les lots de femelles, dont deux tiers de formes précoces, et de 25 % chez les lots de mâles, dont deux tiers de formes tardives. Le rendement carcasse chez les mâles et le rendement filet chez les femelles étaient moindres lors de colibacillose précoce, comparés aux lots n'ayant pas eu de colibacillose (-0,276 %, p=0,06 et -2,503 %, p<0,01 respectivement). De plus, le poids vif moyen était plus élevé chez les lots « mâles » ayant été affectés de colibacillose (+78 g, p<0,01 lors de colibacillose précoce et +26 g, p=0,06 lors de colibacillose tardive). Ceci compense les pertes en retraits partiels lors de colibacillose tardive (-0,029 %, p=0,06), contrairement aux pertes en retraits totaux (ferme/abattoir) (+0,204 %, p<0,01). La mortalité durant le transport et l'hétérogénéité du lot n'étaient pas significativement différents entre les trois groupes. L'analyse indépendante de l'effet des traitements antibiotiques permet d'expliquer l'augmentation du poids vif moyen lors de colibacillose uniquement chez les mâles (+43,9 à +66,4 g en moyenne, p<0,05). Cependant, une dévaluation de qualité de carcasse est perceptible concernant les lots ayant reçu un ou plusieurs antibiotiques, montrant une baisse de rendement de carcasse, de l'hétérogénéité chez les mâles et une augmentation des taux de retraits totaux et partiels. Le rendement filet et l'âge à l'abattage n'étaient pas significativement différents. L'impact de la colibacillose et l'effet des antibiotiques sont ainsi perceptibles sur le poids vif moyen, l'hétérogénéité et les rendements en carcasse et filet, qui sont les principaux critères concernés par les enjeux actuels face aux perspectives économiques et au contexte sociétal.
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La colibacillose est la pathologie bactérienne la plus répandue au monde dans la filière poulet de chair. Considérée comme la cause infectieuse majeure de retraits à l'abattoir en Europe, son impact économique est important pour toute la filière avicole. Cependant, peu de données sont disponibles en France à ce jour. Cette étude est un premier essai pour décrire, évaluer et quantifier l'impact de la colibacillose et des traitements antibiotiques ...