Le virus Usutu est un arbovirus zoonotique de la famille des Flaviviridae émergent depuis quelques années en Europe et dont l'épizootie lors de l'été 2018, a engendré une forte mortalité au sein de l'avifaune sauvage et captive (parcs zoologiques). Afin d'élaborer des moyens de prévention au sein des zoos, nous avons travaillé autour de deux leviers de prophylaxie primaire : la lutte vectorielle et la vaccination. L'étude des vecteurs a montré, via une campagne de prospection vectorielle durant les années 2019-2020 dans les parcs zoologiques d'Amnéville, de Mulhouse et de Sainte Croix, qu'il existe au sein de ces derniers de nombreux gîtes entomologiques, expliquant la forte présence de moustiques d'Avril à Octobre. Le genre Culex prédomine, suivi des genres Aedes et Culiseta, signifiant la présence d'espèces mises en cause dans la vectorisation du virus Usutu et donc un risque de transmission de la maladie pour l'avifaune captive. Si les screening par Rt-PCR ont montré que le virus ne semblait pas circuler au sein des espèces vectorielles, l'analyse des repas sanguins des individus capturés par barcoding met en évidence un accès significatif des vecteurs à l'avifaune captive, signant d'une inefficacité des moyens de prévention mis en place actuellement et d'un réel risque pour les espèces sensibles en cas de résurgence du virus. Raison pour laquelle nous avons mis en place une plaquette récapitulative à l'adresse des parcs zoologiques, listant les moyens de lutte anti-vectorielle efficaces comme l'élimination des gites larvaires, le confinement des espèces sensibles ou encore les traitements insecticides. Pour la mise en place d'une vaccination, nous avons fait l'hypothèse de l'existence d'une immunité croisée, propriété inhérente aux Flavivirus, entre le virus Usutu et le virus West-Nile, les deux virus présentant de grandes similitudes moléculaires, antigéniques et cliniques. Hypothèse que nous avons vérifiée expérimentalement sur le modèle murin en injectant à des souris immunodéficientes un vaccin West-Nile et en les infectant secondairement avec le virus Usutu et qui a été confirmée, toutes les souris vaccinées ayant non seulement survécu à l'infection mais ayant été également protégées des symptômes induits par le pathogène (syndrome fébrile, troubles nerveux), excepté d'une perte de poids, récurrente même chez les vaccinées. Une double vaccination semble plus appropriée qu'une injection unique, minorant la dite perte de poids ainsi que la virémie des sujets. Cette étude offre donc aux parcs zoologiques français plusieurs outils de prophylaxie efficaces afin d'être prêts à endiguer une prochaine épizootie.[-]