Le chant, chez les passereaux, joue un rôle majeur dans l'attraction des femelles ainsi que dans le maintien à distance des mâles rivaux, et renferme de nombreuses informations propres à l'individu qui l'émet. Contrairement à leurs cousins les oiseaux chanteurs, les suboscines, dépourvus de plasticité vocale, expriment un répertoire acoustique réduit, se développant de façon innée. La manière dont ces vocalisations stéréotypées permettent une communication efficace reste aujourd'hui incomprise. Cette thèse s'intéresse à une espèce de suboscine tropicale, le Piauhau hurleur (Lipaugus vociferans), dont le chant trisyllabique colore communément le fond sonore du bassin amazonien. L'étude de sa structure acoustique révèle l'existence d'une variabilité interindividuelle stable, surtout portée par les fréquences les plus hautes du signal, susceptible de permettre une discrimination entre oiseaux familiers et étrangers. Contrairement à une étude précédente, aucune caractéristique vocale commune n'a en revanche été retrouvée chez les individus d'un même lek, et les hypothèses permettant d'expliquer ces discordances sont discutées. A l'échelle macrogéographique par contre, des divergences acoustiques ont été mises en évidence de part et d'autre du fleuve Amazone, et des patterns de distribution différents ont été identifiés pour chacune des rives. De nouvelles pistes pour comprendre leurs origines et leurs implications sont proposées. Les tests de play-back réalisés ont montré un rôle très légèrement majoré des syllabes principales du chant dans la défense territoriale, qui semble être un enjeu constant au cours de l'année et ce sans distinction du statut social des individus.[-]